mercredi 16 août 2023

Copyright Opera Mundi (1/8)

 

Ne manquez pas non plus au bas de  ce numéro:

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Copyright Opera Mundi 

Ou

Ce que je croyais alors…

 

1- Des roues qui tournent à l'envers!

 

Avant propos

 

Pourquoi?

Pour un enfant, c'est la question la plus souvent posée, tout au moins lorsqu'il a cessé de croire au Père Noël, c'est à dire à un âge que la sagesse des nations situe vers 7 ans…

Je me souviens de ce que je continuais de croire à cet âge et de quelques uns de ces "pourquoi?" que mes croyances d'alors ne manquaient pas de susciter.

Cette question qui, avec le recul, m'apparait devoir être reformulée de façon plus précise en un "pourquoi les adultes – après avoir conspiré pour nous faire croire en l'existence de ce vieillard débonnaire à la houppelande rouge – continuent ils de nous mentir?"

Ou à tout le moins "pourquoi ne nous disent ils pas toute la vérité?" sur ces petits mystères auxquels la vie quotidienne nous expose: des roues de voiture qui, vues à la télévision, tournent à l'envers, ou des ballons qui avancent simplement en se dégonflant pour ne citer que ces deux là…

Alors, et du haut de ma séniorité de grand-père, je vais prendre la liberté de te considérer comme un de mes petits-enfants et te supposer toujours habité(e) comme eux de la même curiosité enfantine. Et je te prendrai par la main pour te conduire sur les chemins de la vérité révélée de ces petits mystères.

Cette vérité qui devrait enfin te dispenser de continuer à poser à leur sujet la question:

Pourquoi?

 

Des roues qui tournent à l'envers!

 

Le cinéma était pour le gosse que j'étais alors une source de joie et d'apprentissage. A part leur couleur, réduite à l'invariable noir et blanc des productions de l'immédiat après guerre, les images projetées sur l'écran me semblaient d'un tel réalisme qu'elles ne pouvaient que témoigner fidèlement des spectacles de la vie "du dehors" qu'elles apportaient à mes yeux écarquillés. Les actualités surtout, qui, en l'absence de télévision, étaient alors de mise avant tout "long métrage", étaient pour moi le témoin fidèle de ce qui se passait dans la rue, avec le bénéfice additionnel qu'apportait la vision de lieux éloignés que j'hésitais à penser accessibles dans le déroulement de ma vie future…

C'est pourquoi, alors que mes parents nous avaient emmenés voir je ne sais plus quel film de Robert Lamoureux ou de Fernandel, les actualités de la guerre de Corée alors en plein fracas m'avaient frappé d'une vue incroyable, celle d'un tank américain avançant avec ses chenilles tournant en sens inverse de sa marche au sein d'un champ de neige…L'image avait été fugitive – guère plus de quelques secondes – et pourtant cette vision était tellement choquante au regard de ce que je pouvais appréhender de la marche d'un véhicule qu'elle restait gravée dans ma mémoire bien après la séance.

Ne doutant pas un seul instant de ce que j'avais vu à l'écran, je cherchai dans les jours qui suivirent une explication à ce phénomène. Certes, le spectacle d'un char de combat n'était pas chose si courante, hormis celui que nous ne manquions pas d'aller voir chaque 14 juillet sur les Champs Elysées, que je ne puisse douter de la cinématique de ses chenilles, mais cette dernière était suffisamment possible à reconstituer, ne serait ce qu'avec le petit tracteur Solido – le type "Flandres", précisément à chenilles – que j'avais reçu à l'occasion d'un Noël récent. Et ce petit tracteur me démontrait à l'envie que, en marche avant, ses chenilles descendaient bien de l'avant vers l'arrière, et que, si elles allaient en sens inverse, c'était uniquement lorsque le tracteur reculait!

Bien sûr, je ne perdais pas de vue non plus que l’image de ce char me renvoyait aussi celle d'un paysage enneigé: était-il donc possible que, sur la neige, les chenilles se comportent différemment et qu'il faille mettre le moteur en marche arrière pour aller de l'avant? Ou, plus plausible sans doute, l'homme chargé de la caméra n'avait il pas surpris ce char au moment précis où, emporté par la vitesse de sa charge, il tentait vainement de freiner sur ce terrain glissant en inversant la course de ses chenilles?

J'en étais resté à ce point de mes réflexions lorsqu'une nouvelle séance de cinéma m'offrit cette fois le spectacle d'une banale voiture dont les roues tournaient en sens inverse de la marche, sur une route parfaitement sèche, réduisant à néant les explications que j'avais tenté d'échafauder. Et avec ces explications s'écroulait aussi la belle confiance que j'avais placée jusqu'à présent dans la fidélité des images filmées; était-il possible après tout que le cinéma se permette de temps en temps des écarts avec la réalité? Cette question remettait en cause de telles certitudes que pas un instant je ne songeai à poser la question à un adulte, encore moins à évoquer ce problème avec mes camarades d'école.

En fait, l'explication de tous ces étranges phénomènes n'était pas si simple que cela, pas à la portée d'un enfant de mon âge en tout cas. Mais bien au fait à présent de la solution, je ne peux m'empêcher de trouver bien étrange, chaque fois que la télé nous renvoie des images de roues tournant à l'envers, que pas un seul spectateur, enfant ou adulte, ne s'étonne de ce spectacle tout bonnement incroyable…


La solution

 

Lors de ma séance de cinéma j'étais le sujet d'un phénomène optique bien connu: celui de la vision stroboscopique.

Que recouvre ce terme barbare?

C'est un phénomène qui se produit chaque fois que tu assistes à la superposition de deux mouvements périodiques, c'est à dire se répétant chacun avec une certaine fréquence – comme sur le dessin du yoyo qui monte et qui descend:

 

Le mouvement du yoyo est périodique, de période 2 secondes.

Sa fréquence – inverse de la période – est ici de la moitié de son trajet total par seconde

 

Un autre mouvement périodique que tu entends cette fois, tous les jours: celui des ondes sonores captées par tes oreilles, et dont la fréquence varie selon que le son est grave – basse fréquence donc grande période ou longueur d'onde – ou au contraire aigu – haute fréquence et courte longueur d'onde.

 

La fréquence sonore s'obtient en comptant le nombre d'amplitudes dans 1 seconde

Ici le son grave est de fréquence ~ 3 Hertz[1], le son aigu de ~ 34 Hertz

 

Chaque fois que les fréquences de deux mouvements périodiques superposés sont différentes, la Physique Vibratoire nous apprend que la composition de ces deux mouvements donne naissance à un autre mouvement animé de la différence entre les deux fréquences initiales[2].

Par exemple, procure toi un violon et un diapason – mettons que ce diapason donne le "La", c'est à dire qu'il vibre à la fréquence sonore du La, soit 440 vibrations par seconde – et posons le sur le violon tout en faisant sonner la corde du La: alors, tu entendras distinctement un 3ème son dont l'amplitude varie lentement, d'autant plus lentement que le violon est bien accordé, c'est-à-dire que la fréquence de vibration de la corde est proche de celle du diapason.

 

Comment on accorde un violon à l'aide d'un diapason

 

Expérience encore plus simple si tu n'as à ta disposition ni violon ni diapason. Tu as probablement un(e) ami(e) avec qui tu aimes te promener en laissant reposer tendrement ta main sur son épaule. Comme vous êtes proches l'un de l'autre, vous marchez – non pas "au pas" comme font les militaires en défilé – mais à une allure proche. Mettons que tu fasses 10 pas en 10 secondes – une promenade assez lente – pendant que ton ami(e) en fait 9. Alors, tu constateras que ta main s'élève et s'abaisse de façon périodique, mais s'immobilise 1 fois toutes les 10 secondes, au minimum de la hauteur caractérisant ce mouvement… 

Oui, j'avais raison de m'étonner en voyant les chenilles de ce tank reculer alors qu'il avançait. En l'occurrence, les deux mouvements périodiques étaient l'avancée des images du film d'une part – typiquement 24 images par seconde pour un film "standard" – celui de l'avancée de la chenille du tank d'autre part, un peu comme les maillons d'une chaine qui défileraient devant la caméra à une cadence – une fréquence – fonction de la seule vitesse du tank.

Tu dois bien retenir aussi que la différence de fréquences de ces deux phénomènes peut être positive ou négative, entrainant dans ce dernier cas l'illusion d'une chenille allant en sens inverse du tank qu'elle supportait…

Et c'est le même phénomène qui se produit dans le cas des roues d'une voiture filmée au cinéma ou à la télé, ou de l'hélice d'un moteur d'avion qui semble alors tourner à une vitesse si lente que l'on pourrait compter le nombre de tours qu'elle fait à chaque seconde…

 

Et tout le reste n’est que littérature.


[1] Du physicien allemand Heinrich Hertz qui étudia une autre forme d'ondes périodiques: les ondes électromagnétiques

[2] de façon rigoureuse, ce mouvement est accompagné d'un second mouvement animé de la somme des deux fréquences initiales; mais ce second mouvement n'est d'aucune utilité pour la résolution de notre problème.

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Qui a peur du chat pétomane?

Le chat GPT – prononcer à la française – se révèle beaucoup moins intelligent que ce que voudrait nous faire croire la doxa journaleuse.

En témoigne la réponse que ce chat fit à un sociologue (*) lui posant la devinette fameuse: "La mère de Quentin a trois fils: Pim, Pam et…?" et notre chat de répondre – évidemment – Poum!

J'ai eu l'occasion de coincer à mon tour cet algorithme sur une question de logique pure: "Jean dit à Françoise: "tu n'es pas sans ignorer que Paul est un menteur". Et notre chat de se révéler incapable de trancher sur la question de savoir si Françoise sait – ou ne sait pas – que Paul est un menteur…

On voit par là que l'appellation "intelligence artificielle", accolée un peu rapidement à cet algorithme en délicatesse avec la logique la plus élémentaire, convient assez mal à ce qui n'est qu'un brasseur de données s'efforçant de trouver la réponse la plus probable au lieu de chercher – et peut être trouver – la réponse la plus juste!

(*) Gérald Bronner, l'Express, 2 février 2023


Poupées russes

"Germany has changed, Russia has changed…"

Ainsi, en 2005, Cédric Klapisch fait il s'exprimer Tobias, le copain allemand de l'Auberge Espagnole, venu fêter avec ses amis le mariage de William à St Petersburg, tout à l'enthousiasme d'une jeunesse habitée par l'espoir d'un monde enfin sorti des idéologies mortifères du XXème siècle.

Hélas, si l'Allemagne s'est effectivement sortie de l'ornière nazie en faisant un louable effort pour confronter son Histoire récente, la Russie de Poutine, avec sa clique d'oligarques kleptomanes et de nervis FSBuesques, s'enfonce de plus en plus dans son délire soviétique, en essayant de ramener par la force l'Ukraine dans son giron et en déportant ses opposants politiques vers un nouvel Archipel du Goulag.


L'Empire des Extrêmes

Ayant tombé le masque à l'occasion de la pandémie de COVID – et du raté magistral de sa politique "zéro-COVID" sur son propre sol – la Chine de Xi Jinping se révèle tout à la fois impérialiste (ses rodomontades militaristes à l'égard de Taïwan), colonialiste (sa politique prédatrice en Afrique) et totalitaire (le génocide qu'elle pratique à l'égard du peuple Ouïghour dans le Xinjiang).

Mais où donc est passée la Chine bénévolente et Pacifiste – ce mythique Empire du Milieu – que Deng Xiaoping prônait à la sortie de plus de 30 ans de dictature maoïste?

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