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ce numéro:
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LA DEMOCRATIE DES JOBARDS
Ils s'appellent Fesse-de-bouc, Am-stram-gram, P'tit-tueur voire Tic-tac. Pour une partie croissante de
la population, ils deviennent la source unique d'information sur les affaires
de la Nation comme sur celles du reste du Monde. Désabusés par la médiocrité
des media institutionnels[1], des
groupes toujours plus nombreux d'individus s'en remettent à ces réseaux
numériques pour se faire leur propre vérité – ignorant au passage la réalité
des faits – pour trancher dans les polémiques constamment mises sur le devant
de scène par ces mêmes media[2].
Dans les deux premiers
chapitres, on montrera comment les algorithmes numériques qui sont au cœur de
ces réseaux opèrent en enfermant chaque groupe d'individus dans un véritable silo cognitif[3]
trop confortable pour qu'il ait l'envie d'en sortir. Un troisième chapitre montrera
comment l'incompatibilité des jugements prévalant entre ces silos engendre et
amplifie les discours de haine. On verra ensuite comment les théories du complot trouvent un terreau
particulièrement fertile sur ces réseaux pour créer une post-vérité de laquelle toute rationalité – qu'elle soit ou non de
nature scientifique – est bannie. On verra également comment ce terreau est tout
aussi fertile pour l'avancée d'idéologies mortifères comme celle de l'islamisme
politique dont l'actualité encore récente nous a rappelé le danger permanent. Et
c'est sur ce même terreau propice au développement de l'auto-conviction que se
font élire les populistes[4] qui, de Trump à
Erdogan en passant – entre autres – par Viktor Orban font tomber un à un les
bastions de démocratie qui avaient fini par émerger sur une large partie du
globe durant la seconde moitié du XXème siècle.
Enfin – posant la question
chère à Lénine: Que faire? – on
ébauchera quelques pistes pour contrer ce mouvement de fond: légiférer de façon
à ce que les responsables en titre de ces réseaux a-sociaux - il est temps de renommer ainsi ces véritables destructeurs de société[5] - soient
également et légalement tenus responsables du "contenu de leurs
tuyaux"; également, combattre ces réseaux en tapant où cela peut faire
mal: le portefeuille. Quel rôle peut jouer dans ce combat un système éducatif
repensé, système qui a failli au cours de ces dernières décennies dans sa
vocation première: la transmission des
savoirs. Quel rôle enfin devraient jouer les vrais journalistes dans la chasse aux contre-vérités.
1. De la démocratie des crédules…
Les
Ce siècle nous avait
promis que les progrès de la Connaissance
nous débarrasseraient peu à peu des croyances et superstitions, causes
principales des malheurs rencontrés par l'Humanité au cours de son Histoire[6]…
C'était sans compter avec
l'émergence, au tournant de notre
siècle, d'un véritable marché de l'information du fait de la montée en
puissance de l'Internet et de sa conséquence: l'apparition d'une démocratie des crédules, sujet de la
publication éponyme du sociologue Gérald Bronner[7].
Ce marché possède deux caractéristiques originales qui en justifient son
appellation:
-
d'une part, la massification exponentielle de l'information
produite au cours du temps par l'humanité: la seule quantité d'information[8] produite durant les premières années 2000
était déjà supérieure à la quantité totale d'information produite depuis
l'invention de Gutenberg, et celle produite en 2010 était égale à 8 fois cette
même quantité[9]…
-
d'autre part, la facilité croissante pour tout individu,
d'y proposer une idée, un jugement – en d'autres termes, une information – chose qui était jusque là beaucoup plus difficile
pour qui n'avait pas accès à un éditeur, une station de radio, un réseau
télévisuel
Comme tout autre marché,
celui de l'information, véritable marché
cognitif [10], suscite la concurrence
entre les pourvoyeurs de cette info amenés à se partager l'accès aux
consommateurs potentiels. Or les algorithmes d'accès à l'info sur Internet – en
particulier ceux mis en œuvre par le moteur de recherche Google – vont
favoriser la constitution d'un oligopole des croyants au détriment
de la communauté de ceux qui savent, de la communauté de la Connaissance.
Ainsi, du "11 septembre[11]",
contemporain de l'émergence de ce marché: Gérald Bronner montre que les 30
premiers sites proposés par Google[12] sur
cette question sont à plus de 90% favorables à la croyance aux multiples
complots construits sur cet événement. Ceci du fait de deux mécanismes:
-
"l'épaisseur
argumentative" que leur confère cet algorithme: on y recense ainsi une
centaine d'arguments justifiant ces complots, chacun pris individuellement se
révélant évidemment faux. Mais qui prendra le temps, au cours d'un débat sur le
sujet, de démonter un à un ces arguments avancés par un croyant motivé à
convaincre un éventuel indécis?
-
cet algorithme
dit du Page Rank[13], basé sur la
popularité du site et non sur la véracité de son contenu, favorise la
propagation d'une croyance que les media professionnels, qui devraient faire le
nécessaire fact checking avant toute
rediffusion du contenu, s’abstiennent trop fréquemment de faire
Egalement, l'essaimage
progressif de ces complotismes vers des classes de citoyens de plus en plus
"ordinaires", alors qu'ils étaient autrefois cantonnés aux marges des
radicalités politiques – d'extrême droite comme d'extrême gauche – met en
danger la démocratie traditionnelle "représentative" pour laquelle la
revendication légitime du "Droit au doute"[14]est
peu à peu remplacée par une "démocratie participative de la suspicion et
de la méfiance"[15].
Cette dernière favorise, en particulier, les croyances technophobiques dont les
conséquences sur la Société dans son
ensemble ne sauraient être négligeables.
Ainsi de la phobie
anti-vaccins qui finira par mettre en danger l'existence même de cette Société
en réduisant de façon drastique la couverture vaccinale contre les maladies
émergentes (cf. ci-dessous §4). Et cette tendance est d'autant plus prégnante
qu'elle se développe dans des pays à relativement faible fracture numérique,
c'est à dire là ou l'Internet est un outil du quotidien: les USA deviennent ainsi
le cœur d'une "détestation des occidentaux pour leur propre monde".[16]
2.
…à
celle des jobards
Constat: l'absence du clic 'J'aime
pas' sur Facebook favorise le biais
de confirmation, c'est-à-dire la tendance naturelle chez tout humain à
"fréquenter/rechercher" un univers cognitif confortant ses
convictions, ses croyances. Et compte tenu de la massification de l'info vue
plus haut, la probabilité est très grande de pouvoir trouver cet univers sur
Internet, quelle que soit la conviction ou la croyance exprimée.
Ceci
n'est qu'un exemple de l'effet multiplicateur des réseaux a-sociaux apparus dès
2004 avec Facebook, suivi de YouTube (2005), de Twitter (2006), Instagram
(2010), SnapChat (2011), etc.…
Pour
démonter le mécanisme à l'œuvre au sein de ces réseaux a-sociaux, laissons la
parole à un ancien ministre d'un précédent gouvernement italien – celui de
Matteo Renzi, et qui raconte dans son livre, "Les ingénieurs du chaos[17]",
la résistible ascension du "Mouvement 5 étoiles", devenu au fil des
élections successives le plus important parti politique de cette nation.
Au
départ, simple canular de l'amuseur public Pepe Grillo[18]
prompt à railler les turpitudes – bien réelles – de Silvio Berlusconi, il avait
rassemblé 2 millions de signataires sur sa pétition demandant le renvoi des
députés berlusconiens condamnés par la justice. Flairant la bonne affaire politique,
des spécialistes des algorithmes de traitement des données[19],
des spin- doctors, experts du big data, ont incité notre amuseur à
créer son blog – qui n'aura de son parrain que le nom, mais sera écrit par ces
spécialistes.
La
méthode pour cette écriture s'inspire directement de celle de Facebook dont le business model repose sur la fidélisation de ses usagers afin de
maximiser les profits issus de la vente de pub à leur destination.
Au
plan pratique, il s'agit d'un processus récurrent consistant à chaque étape de
publication "d'informations" sur le blog de recenser les 20
meilleures en termes de 'like' et de
les réémettre à l'étape suivante. Ainsi partant d'un "ressenti"
commun à propos d'un message, l'indignation ou la colère – la chose au monde la
mieux partagée bien avant le bon sens[20]
– on agrège peu à peu un maximum de suiveurs partageant ce ressenti.
Dans
un deuxième temps, cet algorithme[21]
va effectuer la segmentation de tous ces abonnés en groupes d'intérêt commun. Car
même si la colère est le réservoir insondable des récriminations communes, ces
récriminations sont multiformes. Et l'analyse algorithmique des données
renvoyées "par le terrain" permet de rassembler les individus en
autant de sous groupes correspondant chacun à un type de grief bien distinct de
celui d'à côté. En retour, les messages qui tendent à conforter chaque 'bulle'
d'individus dans ses convictions seront personnalisés sans crainte de se contredire
puisqu'ils ne sont pas adressés aux mêmes 'bulles'[22].
Par
exemple, il sera facile de rassembler sous la même bannière-réseau du "raz
le bol": les animistes en leur diffusant les messages pro-animal circulant
sur le réseau et les chasseurs, avec pour eux les messages pro-chasse, sans
craindre de contradiction, la bulle des chasseurs se retrouvant hermétiquement
séparée de la bulle des animistes… et c'est la coagulation au sommet de tous
ces "raz le bol" qui a permis aux "Cinq étoiles" de
recueillir la majorité des suffrages aux élections générales italiennes de
2018.
Ainsi
chaque adepte du réseau se verra peu à peu enfermé dans un silo cognitif rassemblant les individus prompts à partager "la
mémé vérité", quelque soit le contenu de cette "vérité", laquelle
se retrouve "authentifiée" en proportion directe du nombre de ceux
qui la partagent[23]…
3.
Des
sources de polarisations violentes
Chaque individu ainsi enfermé sur un sujet donné dans un silo particulier – appelons le "silo A" – devient peu à peu persuadé qu'il détient la vérité sur le sujet et ce d'autant plus que le silo A contient d'individus. Bien noter ici que chaque individu n'aura pas besoin d'être en relation directe avec tous les autres membres de son silo pour être convaincu de la vérité qu'il croit détenir. Dès que la petite communauté constituant l'environnement social de cet individu – limitée à environ 150 relations sociales que tout un chacun est à même d'entretenir[24] – dès que cette communauté donc, est ralliée dans son ensemble à la cause de cette vérité, cet individu est coupé de toute possibilité de recevoir un message contradictoire[25]: il est définitivement enfermé dans la "bulle" rassurante de son auto-conviction[26]…
Mais, sur ce même sujet tout concourt pour que l'algorithme du réseau contribue à la constitution d'un silo B composé d'individus convaincus d'une contre vérité sur le sujet…
La
solution d'un tel problème, aussi vieux que la démocratie elle-même, consisterait
en l'ouverture d'un débat durant lequel les arguments en faveur de l'une ou
l'autre vérité seront échangés de façon à ce qu'il en ressorte un jugement
commun, peut être une 3ème vérité acceptable par chacune des parties
– voire un compromis.
Or
l'algorithme des réseaux a-sociaux travaille à l'encontre de ce processus
puisque le silo A continuera de se voir la cible de toute information
renforçant la crédibilité de la "vérité-façon-silo-A" en même temps
que sa contre partie se produira pour le silo B. En conséquence de quoi les
deux vérités deviendront rapidement irréconciliables et, à l'instar de deux
religions voulant conquérir le cœur et
les âmes d'une population, chaque silo n'aura plus d'autre ambition que de
supprimer les tenants de la religion opposée, ces mécréants, à l'encontre desquels aucun discours de haine, d'appels
à la violence, voire de menaces de mort ne saurait être excessif[27].
On
voit par là que les réseaux a-sociaux, loin de magnifier le raisonnement
rationnel comme on pensait benoitement qu'Internet pourrait y contribuer
raniment les instincts les plus primitifs de l'espèce humaine, en particulier
ces pulsions de mort que Freud avait mises en évidence en son temps.[28]
4.
La
porte ouverte aux complotismes
De
toutes les théories du complot qui fleurissent sur la toile, une des plus fameuses[29]
– QAnon ou le Pizzagate[30]
– a fait la "une" de l'actualité en se montrant à la manœuvre
derrière l'invasion du Capitole US le 6 janvier dernier. Pour le résumer en une
phrase, ce complotisme a suffit à embrumer la raison de plusieurs millions
d'américains persuadés à présent que le parti Démocrate n'est que la couverture
d'un deep state gouvernant en sous
main les USA, et que ses leaders – dont Hillary Clinton – sont de dangereux
pédo
Ce
phénomène a pour origine les messages d'un mystérieux Q – Anon n'étant que
l'abréviation de Anonymous – hébergés
sur des plateformes développées par un certain Jim Watkins, connues pour être
l'espace de communication des suprémacistes blancs[32].
Relayés principalement sur Facebook
et YouTube, ces messages reprennent à
leur compte des rumeurs déjà anciennes telles que le faux alunissage des
astronautes de Apollo 11, lequel n'aurait été qu'un montage vidéo tourné par
Stanley Kubrick, ou que c'est Dick Cheney en personne qui aurait dirigé les
avions contre les tours du World Trade Center depuis son PC localisé en sous
sol de ces tours...en d'autres termes, les infos véhiculées par les media
officiels seraient des mensonges qui n'ont pour finalité que la consolidation
du pouvoir des élites en place[33].
Car
c'est d'abord la détestation des élites
que cette mouvance professe, sous la forme d'un combat des "petits contre
les gros" et son corollaire autoproclamé "Nous sommes le
Peuple". Bien entendu, les adeptes de QAnon refusent d'admettre la
victoire de Joe Biden. Beaucoup d'entre eux "born
again" opèrent dans la mouvance évangéliste[34]
et font leur le discours millénariste qui prédisait la victoire aux élections
de 2020 des forces du bien – incarnées de façon quasi religieuse par Donald
Trump – afin de sauver les USA, et
l'Humanité entière, des "pédo-sataniques"[35].
En
France, le succès récent de QAnon s'explique par l'engagement contre la pédo
Et comble de cette mouvance QAnon "à la française", elle n’hésite pas à accuser Le Canard enchainé de cautionner, entre autres bobards[37], une vidéo YouTube – émanant d’un partisan canadien de Trump – se targuant de révéler l’existence d’un "abattoir d’enfants sous le Capitole"[38]!
Les "antivacc": COVID, vaccins et techno-peurs:
Peu de temps après l'annonce en mars 2020 de la mise
en application du 1er "confinement COVID", l'Institut
Pasteur a été accusé, sur une vidéo YouTube
d'être responsable de la production du virus et de sa dissémination mondiale. A
l'appui de cette assertion, le youtubeur
montrait ce qu'il présentait comme un "brevet d'inventeur de virus"
émanant de l'Institut. Abondamment relayée par l'écosystème des Jaunes-à-gilet, cette vidéo fut
visualisée 3,3 millions de fois en 24 heures[39]…peu
importe que le brevet en question se révélât avoir trait à une stratégie de
vaccination visant à enrayer la propagation, en 2002, du virus SARS Cov1, le
mal était fait et les personnels de ce prestigieux Institut se sont retrouvés
la cible d'un véritable lynchage médiatique sur les réseaux a-sociaux assorti
de menaces de mort[40].
Dans son dernier livre, Gerald Bronner[41]
recense d'autres théories complotistes véhiculées par ces réseaux au sujet de
l'actuelle pandémie et en montre les effets dévastateurs sur la Société dans
son ensemble. Ainsi de l'assertion selon laquelle le déploiement de la 5G de
télécommunication serait à l'origine de l'apparition du coronavirus et de sa
fulgurante dissémination…semblable lubie prêterait à sourire si elle ne s'était
pas traduite par la destruction de quelques 70 antennes relais dans des pays
aussi divers que Grande-Bretagne, Belgique, Nelle Zélande ou Pays-Bas[42].
A noter que ces destructions se sont accompagnées de 24 agressions d'employés
occupés au déploiement de cette technologie…
De même, une étude de YouGov, filiale US d'une entreprise britannique de sondage
d'opinions, a montré que près de 25% des américains sont persuadés que Bill
Gates avait entrepris d'insérer une puce électronique dans les vaccins
anti-COVID lui permettant de contrôler à sa guise le cerveau des futurs
vaccinés[43].
Mais pourquoi Bill Gates? Ce dernier a eu le tort en
2015, et suite à l'épidémie avortée en 2013 du SRAS[44],
de dénoncer l'impréparation des décideurs politiques face aux nouvelles
épidémies à venir et provoquées par des virus respiratoires émergents[45].
Pour les complotistes, pas de doute: Bill Gates pouvait prévoir l'arrivée du
COVID car il en était directement ou indirectement l'initiateur en vue de
développer ce "vaccin à puce" lui permettant d'asseoir un peu plus sa
position omnisciente…
En France, cette conspiration du "vaccin
5G" a bénéficié du récit concomitant du réalisateur de la vidéo Hold Up[46]
prétendant que les tests PCR n'avaient pour but que l'introduction dans le
corps humain de "nanoparticules" destinées à assurer le relai vers la
5G une fois ces individus vaccinés…ce "Great
Reset", tel que désigné dans cette vidéo, constitue la synthèse de
toutes les fantasmagories associant les mesures anti-COVID[47]
à des tentatives de prise de contrôle de tout individu qui accepterait de s'y
soumettre.
On voit par là que les adeptes du complotisme – sous
sa pire forme, celle du conspirationisme – usent de la fameuse formule
"cherche à qui le crime profite" chère aux Dupond & Dupont[48]!
Cette dernière lubie vient ainsi s'ajouter au
"millefeuille argumentaire"[49] développé
par les ‘antivacc’ depuis une trentaine d'années déjà. A l'origine de leur
jobardise, on ne dénoncera jamais assez la désinformation par le chercheur
britannique Andrew Wakefield qui, dans un "papier" trop hâtivement
publié en 1998 dans TheLancet prétendait
que la vaccination ROR – pour Rougeole, Oreillons, Rubéole – était cause
d'autisme chez les jeunes vaccinés[50].
Il aura fallu pas moins de 6 années pour que la communauté scientifique mette
en évidence le charlatanisme intéressé de Wakefield et obtienne le retrait de
sa publication[51].
Mais pour les complotistes, aucun doute: il a été réduit au silence par les
élites scientifiques en place qui craignaient pour leur position dominante…
A en juger par la proportion actuelle d'‘antivacc’
dans la population[52],
on voit que les thèses conspirationistes continuent de perdurer longtemps après
avoir été dénoncées, et que les démentis officiels circulent d'autant moins sur
les réseaux a-sociaux que l'être humain est le sujet d'un biais de négativité; ce biais lui fait toujours préférer, entre
deux informations contradictoires, celle qui est la plus inquiétante, lointain
reliquat de cet instinct de survie de l'Espèce qui lui permet de se mettre en alerte face à un
danger potentiel[53].
Cette résurgence de la peur ancestrale du danger n'est qu'une composante des
émotions "câblées" dans notre cerveau avec le sexe[54],
la colère et l'indignation[55].
5.
La
facilitation de l'agenda islamiste
Que seraient Al Qaeda et Daech sans les Instagram et les Twitt
postés pour leur soutien?
(Gilles Kepel[56])
C'est
également Gilles Kepel qui a parfaitement analysé l'articulation entre les
réseaux physiques de propagation de l'islamisme (mosquées, salles de
sport, commerces hallal… acquis à cette mouvance) et les réseaux numériques
permettant la diffusion universelle et instantanée de son message prosélyte[57].
Dans cet "islamisme d'atmosphère" qui n'a plus besoin de structures
sous jacentes comme Al-Qaeda ou Daech, le passage à l'acte d'un islamo-fasciste[58]
n'attend plus que le lynchage médiatique, soigneusement orchestré sur les réseaux
a-sociaux, à l'encontre de toute personne qui
tenterait de s'opposer à la diffusion de ce message. Ainsi de l'affaire
Samuel Paty où l'on a pu assister sur ces réseaux à la cabale initialisée par
une famille activiste contestant violemment le contenu d'un cours d'histoire et
relayée rapidement sous la forme d'un discours haineux frisant la limite de ce
que la Loi tolère en matière de liberté d'expression. Ce discours a fini par
atteindre le cerveau, convenablement "lavé" sur ces mêmes réseaux, d'un
individu à qui l'on a fait croire qu'il avait une mission à accomplir dans le
combat apocalyptique – "ce sont eux ou nous"[59]
– préalable à l'islamisation de la Société[60].
Dans
ce combat de tous les jours, les réseaux a-sociaux "dont le salafisme
maitrise tous les codes" sont non seulement un vecteur de diffusion d'une
idéologie, ils sont également un outil de recrutement en permettant à des
individus d'entrer physiquement en contact en complément des réseaux physiques
identifiés plus haut[61].
Bien
entendu, le croisement de l'idéologie islamiste avec les complotismes du COVID
ne pouvait que donner naissance à d'authentiques chimères potentiellement dangereuses pour la Société. Ainsi de la
diffusion sur YouTube par un imam particulièrement suivi[62]
d'un tutoriel censé rassurer le musulman confronté à un virus
"vicieux", en lui rappelant que seul le Créateur a la faculté de
guérir celui qui est infecté et que le masque ne l'empêchera pas d'être
contaminé si Allah en a décidé ainsi[63]…
De
même les réseaux a-sociaux se sont faits porteurs d'une "médecine
prophétique" qui fait grand cas de la chloroquine médicament qui serait
efficace car incorporant de la graine de nigelle[64]
laquelle tient une place importante dans cette médecine. Ainsi la polémique
initialisée (involontairement?) par Raoult-gourou
à propos d'un traitement à l'efficacité restant à démontrer favorise t'elle la
propagation sur les réseaux a-sociaux du message obscurantiste, ce qui lui vaut
au passage d'être qualifié de "héros" dans certains milieux
islamistes ou par des militants de l'anti-islamophobie. Juste retour de bâton,
le même Gourou-Raoult se voit à
contrario accusé de sionisme sur des sites antisémites, voire entretenant des
liens douteux avec Israël[65]!
– tant il est vrai que ces réseaux sont aptes à diffuser des discours cherchant
simultanément à démontrer à peu près tout et son contraire!
6.
La
résistible ascension des populistes
Comment
passe t'on de la démocratie libérale à la démocratie dite illibérale, adoptée par un nombre croissant de pays après la victoire
sur le soviétisme de 1989? Si les deux premières décennies du XXIème siècle
peuvent être prises pour référence cela se fait progressivement, par petits
pas, une politique de personnalités populistes qui ont su surfer sur les trois composantes des réseaux a-sociaux:
horizontalité, immédiateté et effet de meute[66].
Observons
le parcours en tout point semblable de personnalités aussi diverses que Erdogan,
Viktor Orban, Trump… voire les 'faiseurs' du Brexit. Ce parcours commence par
la création d'un Mouvement, et non d'un parti, comme on l'a vu plus haut pour
le "Cinq étoiles" italien. Pour emporter l'adhésion d'un maximum
d'individus, ce Mouvement va tabler sur l'humiliation ressentie par des foules
nombreuses d’individus n'ayant pas les compétences requises pour trouver leur
place dans une économie globalisée, qui se sentent menacés par la
mondialisation des échanges et l'immigration sous-jacente et qui s'estiment
méprisés par les élites cosmopolites[67].
Face
à une population majoritairement rurale, habitant de petites villes et luttant souvent
contre la précarité, les animateurs du Mouvement auront beau jeu de leur dire:
"ce n'est pas votre faute, c'est celle des élites qui prétendent gouverner
à votre place". S'ensuit la prescription miracle: "nettoyer les
écuries d'Augias de la politique politicienne" ou "drainer le marais
de Washington" selon la promesse de Trump[68].
Voila
pour l'horizontalité qui remplace la construction verticale, et beaucoup plus
difficile, d'un vrai parti politique[69].
Le
second précepte mis en œuvre par les populistes peut se résumer par
"détraquer la raison, affoler le langage"[70].
Il s'agit de brailler avec aplomb n'importe quelle contre vérité pourvu qu'elle
flatte la frustration d'une population dans ce qu'elle a de plus cher: son
identité. Ainsi de l'assertion d'Erdogan selon laquelle Christophe Colomb
aurait vu une mosquée construite au12ème siècle au large des côtes
de Cuba prouvant ainsi que les musulmans avaient découvert l'Amérique trois siècles
avant lui[71]!
Mensonge
après mensonge – les fameuses post-vérités
– on arrive à déstabiliser peu à peu les tenants de la rationalité. Car enfin,
qui voudrait perdre du temps à essayer de convaincre de son erreur celui qui
croit en la Terre plate ou celui qui réfute la théorie scientifique de
l'Evolution de Darwin au nom des dogmes que lui assène son Eglise?[72]
Cette
stratégie qui trouve sa lointaine origine dans la French Theory des
Foucault, Derrida et consorts laquelle, "rejetant toute notion de savoir objectif
et de vérité universelle" a imprégné peu à peu les campus universitaires
américains avant de nous revenir à la figure via les réseaux a-sociaux[73]…déclinée
au plan pratique par des stratèges politiques comme Steve Banon – et à qui
Trump doit, quoi qu'il en dise, sa victoire de 2016 – cette stratégie professe
"qu'il n'y a pas de faits il n'y a que des opinions"[74].
Troisième
précepte à suivre: dissiper la honte que pourrait inspirer cette manipulation
de la vérité. Les politiciens "traditionnels" craignent comme la
peste d'être pris en flagrant délit de mensonge[75].
Le populiste, lui, n'a pas cette pudeur de vierge et ment avec aplomb et
impudence; il désarme ses contradicteurs surpris sur un terrain qui leur est
inconnu[76].
C'est
au niveau de ce précepte qu'interviennent les troll qui seront chargés de saturer l'espace interactif des réseaux
a-sociaux. Parmi les nations ayant recours à ce stratagème, Turquie et Russie
ont institutionnalisé ce recours aux troll
chargés de faire "mousser" au sein du réseau les opinions de leur
commanditaire dirigées contre les personnalités à abattre, sans exclure les
blagues de potaches destinées à mettre les rieurs de leur côté[77].
Le travail d'un troll "n'est pas
de débattre un sujet ou réfuter un argument mais simplement d'affoler l'espace
médiatique"[78]dans
le but ultime de "miner la crédibilité des publics occidentaux envers
leurs institutions"[79].
Et pour le lecteur énervé qui voudrait encore nier semblable stratégie dans la
Russie de Poutine, je renvoie à l'encadré où un spécialiste français de
l'espionnage démontre que le maitre actuel au Kremlin, formaté par l'ex-KGB
pour espionner, poursuit la même logique avec le FSB à sa main[80].
La KGB
Académie
(D'après
La place Loubianka est une des plus fameuses places du Kremlin, ce quartier de Moscou où se concentre le pouvoir politique russe. C'est en effet là que se trouve le siège du FSB, centre névralgique des services d'espionnage/contre espionnage de Russie…
Un peu d'histoire
Fondée en 1917 sur instructions de Lénine sous l'appellation de Tcheka, cette police politique dédiée à la répression de l'opposition à l'intérieur mais aussi au renseignement et à l'influence à l'extérieur de la toute nouvelle Russie bolchévique, sera ensuite connue sous les noms de Guépéou, puis de NKVD avant de devenir, après la mort de Staline, le KGB indissociable de l'activisme soviétique durant le guerre froide. L'équivalent d'un "grand ministère" doté d'une administration nombreuse et bien payée, il professionnalisera l'art de la désinformation, traduction littérale du russe desinformatsia. Egalement, il développera une remarquable capacité d'infiltration des services étrangers, recourant, à l'occasion, à des opérations de chantage, à base de compromission dans des affaires d'argent, voire de sexe(*), pour lesquelles il recrutera des "pigistes" occasionnels réputés pour leur professionnalisme.
C'est dans ce tout premier rôle de "maitre chanteur" qu'un jeune Vladimir Poutine exercera d'abord à Leningrad avant d'être posté à Berlin…
Du KGB au FSB
Conduit pour "sauver l'URSS", le putsch avorté de 1991 contre Gorbatchev conduira Boris Ieltsine à dissoudre le KGB qui en était l'initiateur. Mais, ne pouvant se passer d'une police politique, et se devant de réemployer son administration dans un contexte social tendu, il le fera renaitre de ses cendres sous le sigle FSB dont il confiera, en 1999, la Direction à … Vladimir Poutine!
On connaît la suite. En particulier la mise en pratique à l'égard d'opposants politiques de son expertise en matière de poisons développée par les "chimistes efficaces" du "laboratoire des poisons" de la Tcheka…
Egalement, l'expérience de désinformation acquise depuis l'époque de la Guépéou sera mise à profit et développée dans le nouveau contexte de l'information numérique par une Internet Research Agency créée en 2013 à St Petersburg.
Dans cette véritable usine à troll, le travail quotidien consiste, sur une liste de thèmes d'intervention fonction de l'actualité du pays cible (attentat, épidémie, élections…) à diffuser sur les réseaux a-sociaux de fausses informations dirigées vers des communautés identifiées sur la base de leur vulnérabilité potentielle (proximité d'industries polluantes, pénurie de biens essentiels, instabilité sociale…). Cette agence sera officiellement inculpée par le Department Of Justice américain pour avoir interféré dans les opérations des élections US de 2016(**).
Pour Poutine, pas de doute: Espion d'un jour, espion toujours!
(*) on se souvient de De Gaulle interpellant en 1958 un haut fonctionnaire fautif revenu en urgence à Paris: "Alors [M.l'Ambassadeur], on couche?"
(**) WikipédiA, Internet Research Agency, 2020
Voila pour l'immédiateté et l'effet de meute.
Enfin, il faut détourner l'attention du public des véritables problèmes de la nation au moyen d'une mise en scène 'téléréalité' de faits par ailleurs insignifiants. Ainsi du 1er ministre polonais se faisant filmer en train d'étudier un livre sur les chats au moment où le Parlement discute une loi pouvant assurer la nomination par le pouvoir exécutif des juges à la Cour Suprême de Varsovie[81]. A l'inverse il peut s'agir de fait potentiellement graves mais bien orchestrés par le pouvoir en place, telle la tentative de coup d'état en Turquie[82] de 2016.
Le populisme dans la sphère publique
A partir du moment où les
opinions peuvent remplacer les faits, le populisme n'a plus à se cantonner à la
sphère politique, il peut s'épanouir dans tous les domaines de la vie civile.
Ainsi de la vérité des sciences qui peut être mise en doute par quiconque
s'affranchira de l'effort réclamé par la méthode scientifique et en contestera
la légitimité au nom de l'opinion qu'il peut avoir sur des faits dont seule la
Science pourrait établir la véracité: militance rime souvent avec incompétence[83]…et
tous ceux que l’universalité de la Science heurte dans leur réflexe grégaire,
s’agrègent ainsi au sein d’un véritable tribalisme anti-scientifique qui
ne reconnaitra comme vérité que celle qu’ils professent[84].
C'est, hélas, souvent avec la
complicité plus ou moins assumée de personnalités scientifiques à l'égo
souffreteux que ces déconstructions des résultats de la Science sont perpétrées[85]. Ainsi
comme vu plus haut de Raoult-gourou à
qui l'on doit les débuts remarqués d'un populisme médical, en assurant, envers
et contre toutes les expérimentations effectuées, l'efficience de l'hydroxycloroquine
pour le traitement du COVID[86].
7.
Que
faire?
L'âge moyen de 7 ans est généralement reconnu comme l'âge auquel l'enfant cesse de croire au Père Noël, c'est-à-dire qu'il est apte à développer une méthode de pensée lui permettant de mettre en doute le complot éternel fomenté envers lui par les adultes[87]…une fois arrivés à l'âge adulte, ne serions nous pas capable d'une méthode de pensée semblable nous permettant de déjouer les multiples pièges cognitifs tendus par les réseaux a-sociaux?
Ne pas tomber dans la jobardise:
L'usage
répété des réseaux a-sociaux devient vite une addiction. Comme vu plus haut,
cette addiction peut prendre la forme d'une chute dans la "spirale
conspirationiste"[88]. Le
meilleur moyen de s'en prémunir, c'est d'utiliser ces réseaux le moins souvent
possible, tant il est vrai que l'on peut très bien vivre sans eux[89]…
Surtout,
il convient de remettre en route la machine à former le jugement, rôle
primordial d'une Education qu'il convient de repenser selon ses deux
composantes: l'Education familiale qui n'a que trop démissionné de ses
responsabilités[90]
et l'Enseignement public[91]
qu'il convient de recentrer sur sa mission principale: la transmission des
savoirs.
Constat: l'Enseignement public a
largement failli dans cette transmission des savoirs.
Comment
expliquer autrement que nombre de nos contemporains aient perdu le sain réflexe
de rigoler en écoutant le discours d'un croyant de la Terre plate[92]?
L'Enseignement public doit donc être repensé pour que chaque élève[93]
acquière une pensée méthodique lui permettant de reconnaître comme critère
essentiel de la vérité celui de son universalité. Et la méthode
scientifique est le plus court chemin pour y parvenir, tant il est vrai que la
science est un dispositif collectif de connaissance qui en assure
l’universalité des résultats[94].
Cette
méthode demande un effort intellectuel à l'opposé d’un populisme cognitif qui prône l'argument simplissime "du bon sens"
– comme voudraient nous faire croire le tribalisme anti-science[95]
évoqué plus haut – tant il est vrai que la vérité scientifique est souvent
contre intuitive: la Terre tourne autour du soleil alors que nos sens nous
portent à croire le contraire[96].
Car, si dans la démarche scientifique le doute est légitime, ce doute impose
aussi un devoir qui est de se plier à sa méthode de levée du doute, laquelle a
fait la preuve au cours des siècles de sa fabuleuse fécondité[97].
Encore
faudrait il que le financement de la recherche scientifique soit rétabli au
niveau qui permettrait aux "meilleurs cerveaux de se détourner de la
Finance ou de la Politique"[98].
Mais cette méthode impose en retour de se plier à un langage commun qui doit être lui aussi rétabli, par l'Enseignement public, dans son exigence: que les mots par lesquels on désigne les choses aient la même signification pour tous. A l'inverse des jargons déversés dans les réseaux a-sociaux, la langue française doit retrouver ses qualités de "clarté et précision" un préalable pour retrouver "la hiérarchie de la réflexion, de la pensée et des valeurs"[99]. En d'autres termes, et face à une mécanique des réseaux a-sociaux qui accorde la même importance à la parole d'un prix Nobel et à celle d'un youtubeur quelconque[100] il convient de rétablir la légitimité de la parole publique.
Contrer le pouvoir des réseaux a-sociaux :
Constat : un réseau qui compte à présent plus
de deux milliards de comptes personnels peut mettre en échec un état démocratique
en pesant sur le vote de la loi que cet Etat s’efforce d’instaurer pour la
défense des intérêts de ses concitoyens[101].
Plus que tout autre argument, cet exemple doit convaincre les démocraties de légiférer
afin de limiter l’omnipuissance atteinte par les réseaux a-sociaux et contrer
leur mainmise sur le talon d’Achille de ces démocraties : leur opinion
publique.
Non que le but ultime soit la
suppression de ces réseaux : sauf à interdire la diffusion totale
d’Internet[102], il y aura toujours un
entrepreneur apte à développer un business model assurant la viabilité
d’un réseau alternatif à celui qui vient d’être interdit[103].
Il s’agit tout d’abord de
supprimer l’anonymat des comptes, lequel assure la quasi impunité de tout
individu proférant des discours incitant à la violence, à l’encontre de la
nécessaire réglementation de la liberté d’expression. Et ne pas croire ceux qui
prétendent que, si l’on porte plainte contre un tel débordement, le réseau
incriminé a tous les moyens d’identifier les coupables via leur adresse IP
numérique[104] : la jurisprudence
regorge d’affaires pour lesquelles la mauvaise volonté des réseaux a-sociaux –
et tout particulièrement de Twitter[105]
– à poursuivre leurs auteurs, a assuré à ces derniers une impunité de fait[106].
Plus important encore, il
s’agit de légiférer pour que les dirigeants des réseaux a-sociaux soit reconnus
responsables du contenu de ce qui passe "par leurs tuyaux[107]".
En pratique, il s’agit rien moins que de remettre en cause la loi fédérale
américaine qui protège ces dirigeants contre toute poursuite motivée par la
circulation d’une information fausse ou illégale sur leurs plateformes[108].
Cette proposition, déjà à l’étude par la nouvelle administration US, rejoint
les propositions législatives de l’UE qui, une fois adoptées, obligeraient ces
plateformes à rendre plus transparents leurs algorithmes[109]
ainsi qu’à les rendre responsables devant les juridictions élues des Etats
membres de l’Union, sauf à payer des amendes pouvant atteindre 6% de leurs
revenus annuels.
Au plus haut niveau de l’Union, sa Présidente a déclaré vouloir travailler avec le nouveau Président US afin d’écrire un manuel de pratiques numériques communes permettant de maitriser la "puissance débridée" détenue par les géants de l’Internet[110].
Enrôler les media traditionnels :
Ne
pas sous-estimer le rôle que les vrais
journalistes peuvent encore tenir dans ce combat. Ils devraient s’engager à
contrer en routine la désinformation, sur tout sujet de leur compétence
respective, diffusée par les réseaux a-sociaux. La publication régulière sur
ces media des contre-vérités ainsi débusquées devrait être encouragée[111].
Et en guise de conclusion:
Question
au lecteur[112].
Quel est le point commun de ces trois événements: Le Pen arrivé second à notre
élection présidentielle de 2002, le vote en faveur du Brexit de 2016 et les plus
de 70 millions de votes Trump en 2020?
Réponse: aucun de ces trois votes,
à caractère populiste affirmé[113]
n'avait été prédit par les instituts de sondage…
L'explication
qui vient tout de suite à l'esprit tourne autour de l'argument
"l'échantillonnage statistique retenu par les dits instituts n'était pas
représentatif de la population concernée"[114].
Peut être.
Mais
pourquoi ces mêmes instituts qui savent prédire avec une stupéfiante exactitude
le succès d'une marque de lessive ou le top 50 des meilleurs "tubes"
de l'année prochaine échouent ils à prévoir le score des populistes?
Hypothèse: pour une portion
significative de l'électorat, le vote populiste est intrinsèquement honteux; en
d'autres termes, nombre d'individus faisant partie de cette portion électorale
n'osent pas avouer leur vote futur, vote qu'ils effectueront une fois
retranchés dans l'anonymat de l'isoloir…
Et
si cette hypothèse est exacte, on peut en tirer deux enseignements pour
l'avenir: les populistes pourront continuer d'engranger des scores sur les
réseaux a-sociaux sans risquer d'être inquiétés, ni par les media
traditionnels, ni par les prévisions des sondeurs de tous bords d'une part;
mais il est d’autre part rassurant de penser que le sur-moi de l'homo electoralis finira, peut être, par inciter ce dernier à voter de
façon plus rationnelle les fois prochaines…
Faute
de quoi, les populistes arrivés au pouvoir grâce aux réseaux a-sociaux risquent
fort de nous faire remonter l'échelle de Darwin, à l'image de ce zombie à
cornes qui n'a que trop fait la une de l'actualité durant l'assaut mené contre
le Capitole…
Et tout le reste n'est que
littérature.
Notes et références
[1] Cf. Mon Blog d’Emile: Pour une critique raisonnée du journalisme contemporain, 8 février 2017
[2] Je rappelle que media, pluriel de medium, ne saurait s'écrire médias comme il est pourtant universellement pratiqué dans le monde francophone
[3] J'emprunte ce terme à Brice Couturier, Le monde des idées, émission France culture, 1er octobre 2020
[4] Sur la définition précise de ce mot valise, on pourra se contenter ici de dire qu'il englobe tous ceux qui proposent des solutions simples à des problèmes compliqués; tous membres de la tribu des N'y-a-qu'à ils ne sont que la version moderne des démagogues historiques
[5] Il est temps de renommer ainsi ces véritables destructeurs de société
[6] On se reportera, entre autres, à La Henriade, cette œuvre de jeunesse dans laquelle Voltaire discute de la place des religions dans la société, la tolérance, composantes de la pensée des Lumières en devenir
[7] Gérald Bronner, La démocratie des crédules, PUF, mars 2013
[8] Exprimée en nombre de bytes ou octets équivalents d'information
[9] En
[10] Sébastien Lefol, Tout feu, Tout flamme, émission France Culture, 5 mars 2013
[11] On adoptera ce raccourci pour désigner l'attentat du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center
[12] Le "chercheur moyen" ne va généralement pas explorer Internet au-delà de ces 30 premiers sites
[13] Rich Cochrane (ref. 9)
[14] Et donc du droit à
s'opposer et se constituer en parti d'opposition dans la
[15] Sébastien Lefol, (ref.10)
[16] Gérald Bronner, dans L'invité des matins, émission France Culture du 5 janvier 2014
[17] Giuliano da Empoli, Les ingénieurs du chaos, Ed.JC.Lattes, (2019)
[18] Qui s'auto définit
lui-même comme "le Coluche italien": Les chemins de la
[19] Conduits par les Cazaleggio père et fils, propriétaires privés du blog de Pepe Grillo
[20] En grattant un peu, chaque individu trouvera une justification légitime de sa colère envers quelqu'un ou quelque chose…et des études chinoises ont montré que les emoji exprimant la colère sont ceux qui circulent le plus vite sur les réseaux: l'Express N°3627, 11 janvier 2021
[21] On qualifiera par ce singulier un ensemble de codes informatiques plus ou moins complexe constituant le cœur du fonctionnement du réseau
[22] Suis-je clair?
[23] Effet dit "de cascade" qualifié comme tel par les Psy
[24] Ce nombre dit de Robin Dunbar a été estimé dans les études sociologiques de ce chercheur être de 148: WikipédiA, Réseau social, 2021
[25] Sauf, bien sûr, à se connecter à un media traditionnel qui pourrait lui porter ce message; mais comme il a postulé dès le départ que ces media cachent la vérité…
[26] Mécanisme dit du Rabbit Hole: émission La fabrique du mensonge, Fr5, 7 mars 2021
[27] Une note de Facebook publiée par le Wall Street Journal en 2016 révèle que 64% des personnes ayant rejoint des groupes extrémistes l'ont fait sur recommandation de son seul algorithme
[28] Cultures Monde, émission France Culture du 21 janvier 2021
[29] On évoque plus bas la vidéo Hold Up, dont l'émission La fabrique du mensonge a démonté le mécanisme de désinformation (ref.26)
[30] Brice Couturier, Le tour du monde des idées, France Culture, émission du 14 septembre 2020
[31] Cette pizzeria subira fin
[32] Tristan Mendès-France, QAnon: voyage depuis les USA vers la France, Institut Montaigne, 2017: https://www.institutmontaigne.org/blog/qanon-voyage-depuis-les-etats-unis-vers-la-france
[33] Brice Couturier, Le tour du monde des idées, France Culture, émission du 15 septembre 2020
[34] Dont l'Eglise Adventiste du 7ème jour, qui prophétise une fin du monde imminente…
[35] Jack Z.Bratich, Conspircy Panics, cité par l'Express, 14 janvier 2021
[36] Tristan Mendès-France (ref.32); voir aussi les manifestations à Prades – ancien fief de Jean Castex – d'anti-masques reprenant les thèses de la mouvance QAnon : Le canard enchainé, N°5232, 17 février 2021
[37] Dont l’existence d’un souterrain qui relierait l’Elysée au Medef….
[38] Le Canard enchaîné, N°5234, 3 mars 2021
[39] La fabrique du mensonge, (ref.26)
[40] Christophe d'Enfert, Directeur scientifique de l'Institut, La fabrique du mensonge, (ref.26)
[41] Gérald Bronner, Apocalypse cognitive, PUF (2021)
[42] Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch https://www.conspiracywatch.info/ ; du même auteur: L'opium des imbéciles, Grasset (2019)
[43] WikipédiA, YouGov, 2021
[44] Syndrome Respiratoire
Aigu Sévère, acronyme francophone du SARS Cov1
[45] Bill Gates: La prochaine épidémie? Nous ne sommes pas prêts : https://www.youtube.com/watch?v=6Af6b_wyiwI
[46] La fabrique du mensonge, (ref.26)
[47] Dont le port du masque, dénoncé comme "symbole de soumission" aux "futurs maitres du monde"…
[48] Ou sa proposition liminaire "il n'y a pas de fumée sans feu"!
[49] Gerald Bronner, (ref.7)
[50] WikipédiA, Controverse sur le rôle de la vaccination dans l'autisme, 2021
[51] Wakefield s'est empressé de quitter l'Angleterre; il "exerce" à présent aux USA où il a rejoint la mouvance Trump…
[52] En France, de 9% de la population en 2000, ils sont à présent presque majoritaires: Etienne Klein & Gérald Bronner, Ce qu'on sait ce qu'on ne sait pas, émission La conversation scientifique, France Culture, 28 octobre 2017
[53] Sebastian Dieguez, Total Bullshit! Aux sources de la post-vérité, PUF (2018)
[54] En année moyenne, 136 milliards de vidéos porno sont visualisées sur le Net…
[55] Gérald Bronner (ref.41)
[56] Directeur de la chaire Moyen-Orient & Méditerranée à l'Ecole Normale Supérieure
[57] Gilles Kepel, dans L'invité des matins, émission France Culture du 21 octobre 2020; voir aussi du même auteur Sortir du Chaos, les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient, ed.Gallimard, (2021)
[58] Une fois pour toutes, refusons le terme djihadiste qui fait la part trop belle à des assassins voulant se parer des plumes de la religion!
[59] Pour reprendre la formule de Goebbels exhortant en 1943 les nazis à la "guerre totale"
[60] Gilles Kepel, (ref.57)
[61] Hakim El Karoui & Benjamin Hodayé, Les militants du djihad, ed.Fayard, 2021; cités dans l'Express, 21 janvier 2021
[62] Lequel dispose de 700 000
followers sur YouTube et 526 000 sur Facebook:
[63]
[64] Graine de Nigelle (ou graine de cumin noir), "censée guérir de toutes les maladies sauf la mort" : https://www.mizane.info/habba-sawda-sur-les-traces-de-la-graine-miraculeuse-de-nigelle/
[65]
[67] Larry Diamond, "Mr.Democracy on the shrinking free world", Time, june
24, 2019
[68] Encore une fois, on voit que le populiste promet toujours une solution simpliste aux problèmes multiformes "des vrais gens"..
[69] Il est significatif que les Jaunes-à-gilet n'aient pas réussi, malgré leur nombre, à se constituer en véritable parti politique capable de proposer des représentants aux différentes élections
[70] Ece Temelkuran, Comment conduire un pays à sa perte, Folio (2019)
[71] Brice Couturier, Le tour du monde des idées, France Culture, émission du 6 octobre 2020
[72] Un homme qu'on ne peut raisonner est un homme qui fait peur (Albert Camus)
[73] Thomas Malher, Comment nous sommes devenus si obsédés par la race, le genre ou les identités, l'Express, 10 septembre 2020
[74] Formule reprise à son compte par Viktor Urban en Hongrie: Brice Couturier (ref.66)
[75] Cf. Chirac interpelant Mitterrand lors de la campagne présidentielle de 1988: "Les yeux dans les yeux, pouvez vous affirmer que vous n'êtes pas en train de mentir?"…
[76] Cf les 22 247 mensonges de Trump recensés par le Washington Post en 4 ans de Présidence; (voir plus bas Snippets )
[77] Ece Temelkuran, (réf.70)
[78] Brice Couturier, (réf. 66)
[79] Brice Couturier, Le tour du monde des idées, France Culture, émission du 4 novembre 2020
[80]
[81] Cet écran de fumée à base de chats semble avoir inspiré une populiste hexagonale…
[82] Ece Temelkuran, (réf.70)
[83] Philippe Meyer & Gérald Bronner, Esprit public, émission France Culture du 3 janvier 2014
[84] Serge Haroche (Prix Nobel de physique 2012) & Etienne Klein, La conversation scientifique, émission France Culture du 10 octobre 2020
[85] Les meilleurs scientifiques n'échappent pas à ce travers: cf. Pasteur contre Koch, émission Arte, 20 mars 2021
[86] Laurent Alexandre, dans Répliques, émission France Culture, du 30 janvier 2021
[87] "J'ai cessé de croire au père noël quand je me suis aperçu qu'il portait les chaussures de grand-papa", (ref.52)
[88] Mécanisme du Rabbit hole, La fabrique du mensonge, (ref.26)
[89] Pour vivre heureux, vivons déconnecté. Personnellement, je ne suis membre d'aucun réseau "majeur" et je fais un usage homéopathique de What'sApp ou de YouTube
[90] Aldo Naouri, Eduquer ses enfants. L’urgence d’aujourd’hui, Odile Jacob, 2008
[91] Pour renommer l'Education (sic) Nationale (re-sic) suivant ce qu'elle n'aurait jamais cessé d'être…
[92] De même, demandez à un(e) ado de vous expliquer le mécanisme des saisons: vous ne serez pas déçu(e) par les réponses!
[93] Et refuser le néologisme "apprenant" qui ne fait qu'ajouter à la confusion!
[94] Etienne Klein & Gérald Bronner, (ref. 52)
[95] "Contre le tribalisme antiscientifique, il faut éduquer, éduquer, éduquer… " : Serge Haroche, (ref.84)
[96] Cf également l'expérience de Galilée montrant que la vitesse de chute d'un corps dans le vide est indépendante de sa masse
[97] Etienne Klein & Gérald Bronner, (ref. 52)
[98] Serge Haroche, dans L’Heure bleue, émission France Culture du 11 février 2021
[99] Hélène Carrère d'Encausse, La France s'incarne d'abord dans sa langue, interview dans l'Express, 23 décembre 2020
[100] Cf. Mon Blog d’Emile: Lettre ouverte à François Lenglet, 23 juin 2016
[101] Cf. le bras de fer engagé par Facebook avec l’Australie au sujet de la juste rémunération des journalistes contribuant au contenu informationnel de ce réseau
[102] Par construction, difficile à mettre en œuvre sauf à paralyser les infrastructures de télécom sous jacentes
[103] Ainsi du réseau Parler – prononcer parleur – qui a accueilli les suiveurs de Trump une fois les comptes de ce dernier supprimés sur Facebook et Twitter.
[104] Pour Internet Protocol address, l’adresse numérique unique de tout matériel se connectant sur Internet
[105] "Twitter ne prend même pas la peine de communiquer les adresses IP", l'avocat Eric Morain, LeFigaro 21 décembre 2020
[106] Le Canard enchainé, 23 décembre 2020 : Miss Rance et Samuel Paty ? pas nos oignons! ; et le 20 janvier 2021 : Mauricette enterrée par un tweet !
[107] Les dirigeants de Facebook et Twitter ont reconnu implicitement cette responsabilité en supprimant les comptes de Trump après l’assaut du 6 janvier contre le Capitole
[108] Section 230 du Communication Decency Act de 1996 : Building a better Internet, Time magazine, February 1st 2021
[109] Voire à les modifier dans un sens plus "éthique": Guillaume Chaslot (ancien ingénieur chez Google et YouTube), interview, l'Express, 14 janvier 2021; voir aussi La fabrique du mensonge, (ref. 26)
[110] A common digital
« rule book” to rein in the “unbridled power held by the big Internet
giants”: Time magazine, (ref.108)
[111] Sur le modèle par exemple de l’excellent "DESINTOX" quotidien de l’émission 28 minutes sur Arte
[112] Plus ou moins énervé à ce stade de ma rédaction…
[113] En ne retenant ici que le critère proposition de solutions simplistes à des problèmes compliqués, le vote Le Pen était censé résoudre le problème de l'immigration, le Brexit les problèmes rencontrés par UK au sein de l'UE, le vote Trump celui du déclin progressif des USA au sein du concert mondial…
[114] Respectivement, populations électorales française, britannique et américaine
_____________________________
Snippets
Le best seller littéraire…
…reste à écrire!
Il s'agit du roman des mensonges de Donald-la-trompe dont le Washington Post a fait la compilation durant le mandat de ce triste personnage. Au 27 aout dernier, on en était à 22 247 mensonges, date à laquelle le journal à arrêté le compteur car, au rythme final de plus de 50 mensonges par jour, "l'équipe [chargée de les débusquer] ne pouvait plus suivre"(*)!
Courage toutefois pour celui qui voudra s'atteler à ce monument de la littérature. Sur la base optimiste d'une quinzaine de lignes pour démonter chacun des mensonges proférés, on arrive à un total de quelques 10 000 pages…
Volontaire quelqu'un?
(*) cf. l'Express du 12 novembre 2020
Une
radio vach'ment bat' (suite)
Toute à l'euphorie "d'avoir battu RTL (sic)" dans la course à l'audimat, France Inter ne s'interroge pas sur les raisons profondes de ce succès: elle est simplement en train de faire siens les travers des radios périphériques dont RTL continue d'être représentative…
Passons sur l'envahissement de plus en plus prégnant sur France Inter de la pub' laquelle, se départant du caractère institutionnel qui était toléré au départ sur cette chaine, glisse à présent vers le commercial pur et dur. Une autre caractéristique de cette descente dans la banalité, c'est l'aptitude de cette radio à transformer des pépites en plomb. Trois exemples significatifs:
- jusque dans les années 90, France Inter pouvait se vanter de proposer, avec Rue des entrepreneurs, l'une des meilleures émissions hebdomadaires sur l'Economie; ce qui l'a remplacée sur ce créneau du samedi matin mériterait davantage le titre de Café du commerce pour caractériser l'échange à bâtons rompus auquel se livrent les journaleux-piliers de cette émission
- toujours sur le créneau du samedi, on écoutait avec La prochaine fois je vous le chanterai, une émission de variétés durant laquelle Philippe Meyer avec sa malice habituelle contribuait à valoriser la chanson française auprès d'un public menacé par l'abysse culturel anglo-saxon; cette émission fut remplacée ex-abrupto par La preuve par Z, une émission de musique classique que la technicité assez ardue destinait davantage à un public habitué de France Culture, voire de France Musique(*)
- plus récemment enfin, La tête au carré, très bonne émission quotidienne de vulgarisation scientifique, s'est vue remplacée par une douteuse La Terre au carré, où la Science, autrefois abordée dans sa généralité, se voit cantonnée à présent à ce qui tourne autour de l'Ecologie; avec en particulier le défilé à l'antenne des prêtres de la colapsologie, cette nouvelle religion qui a pris le train en marche de l'écolo-populisme(**).
Est-il surprenant que cette dernière émission fasse à présent "standard ouvert", caressant l'illusion, selon le mot de Pierre Bouteiller, de "faire une bonne émission en ouvrant un standard téléphonique"?
(*) cette émission est à présent diffusée le dimanche après midi
(**) Patrick Moore, Vice-président fondateur de Green-pisse, sur les raisons de sa démission de cette dernière (interview dans Newsweek, 1986)
Victimisation,
mon beau souci
Au cours d'une émission de la série "Le masque et la plume" tenue dans les années 60, je me souviens du propos de Jean-Louis Bory sur un film consacré à la guerre de 14-18. Et notre Jean-Louis national de déclarer à la face de ses contradicteurs d'un jour "…il serait temps de réaliser que ceux qui sont considérés à présent comme des héros n'ont en fait été que des victimes!"
Force est de constater que, par un retournement sémantique assez curieux, il faut à présent avoir été une victime – et peut importe de quoi – pour être considéré par les media, mais pas seulement, à l'image des héros d'autrefois.
Sylvain Tesson a parfaitement résumé cette nouvelle tendance qui consiste à "être une victime…l'ambition du héros d'aujourd'hui"(*). Pourtant toute victime, ou qui se revendique comme tel, avant de "chercher des coupables à sa propre faillite", ne devrait elle pas s'interroger sur les causes personnelles/intimes qui l'amènent à pratiquer "cette activité si française: récriminer contre son sort"?
(*) Un été avec Homère et, du même auteur, La panthère des neiges, p.161
LGBTQ…
….RSWXYZ? Combien faudra t'il additionner de minorités sexuelles pour arriver à en faire une majorité? A entendre les media et la somme des reportages racoleurs sur ces minorités forcément victimes(*) d'un ostracisme social, on pourrait être tenté de croire que les couples hétérosexuels se retrouvent minoritaires dans notre société contemporaine…
Il faudra tout de même un jour procéder à un recensement de cette dernière population, hétérosexuelle, certes, mais tout à fait contente de l'être – ou pour reprendre la terminologie d'en face, satisfaite de son genre – pour réaliser qu'elle constitue la majorité au sein de l'espèce humaine laquelle, sans son concours essentiel à la procréation, serait tout simplement menacée d'extinction.
(*) voir le Snippet précédent
L'énigme
de Greta-les-couettes
A présent quelle a repris le chemin de l'école – trahissant au passage son idéal premier: sécher les cours(*) – et qu'on entend beaucoup moins parler d'elle, une question demeure la concernant: comment avec la pauvreté de son discours autiste et l'inanité de ses propositions pour "sauver la planète" a-t-elle pu fasciner un moment cette dernière au point de se voir accorder l'attention de personnalités aussi remarquables que Christine Lagarde ou le pape François?
Mais en ces temps de glorification de la victimisation, n'est ce pas son discours de victime autoproclamée du dérèglement climatique qui a pu la propulser au Panthéon des héros modernes?
(*) voir le Snippet "je sèche donc je suis" de septembre 2019
Pôvres
footeux
Il parait que les fédérations des professionnels de la baballe au pied, n'arrivant plus à boucler leurs fins de mois, envisagent de baisser le salaire de leurs affiliés. Les pauvres! Avec un salaire médian de 34 000 euros(*) voila une catégorie socioprofessionnelle bien à plaindre par ces temps de crise sanitaire et économique…
Au même moment, la France doit faire face, entre autre, à une pénurie de personnels de santé et doit assumer sa place de dernière au palmarès OCDE sur l'enseignement des mathématiques. Mais le niveau de rémunération des personnels concernés n'a évidemment aucun rapport avec la situation désastreuse de l'une et l'autre de ces activités!
(*) les journaux, semaine du 11 janvier
Le
ridicule ne tue plus (suite)
Dernier écorche-oreille fabriqué par les partisans à tout va de la féminisation du vocabulaire: autrice pour désigner une personne que l'on aurait pu tout aussi bien appeler auteuse, en calquant ce qui était admis de longue date pour le mot chanteur…il est vrai que ce dernier mot, même affublé d'un 'e' surnuméraire ne pouvait alors se démarquer à l'oral de son alter ego masculin…
Mais à tout prendre, si l'on tient vraiment à marquer du fer rouge la féminisation forcenée de la langue française, le mot autrice ne manque t'il pas d'audace? N'aurait il pas mieux valu forger ce féminin sur le modèle de la déclinaison cantor, cantatrice? Je propose donc d'adopter le terme autatrice pour revendiquer une féminisation qui ait de la gueule!
NB: on nous rapporte(*) qu'Hélène Carrère d'Encausse – et jusqu'à preuve du contraire, une référence pour la pratique correcte de la langue française – tient à se faire reconnaître comme LE Secrétaire Permanent de l'Académie française. Diable! Ne conviendrait il pas de la condamner au bucher pour crime de lèse féminisme?
(*) interview dans l'Express du 23 décembre 2020
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