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ce numéro:
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MA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Les manifestations jaunes qui occupent chaque samedi
l'avant scène politique ont relégué la question environnementale à l'arrière
plan des préoccupations nationales. Pourtant, et même si les problèmes de la fin de mois finissent par se régler,
la question de la fin du monde
consécutive au changement climatique continuera de se poser, et avec elle,
celle de la transition énergétique qui en est indissociable.
On aurait pu croire cette dernière
question définitivement traitée lors du Grenelle
de l'environnement[1] de
la fin 2007. les "trois fois 20" actés lors de cet exercice – 20%
d'économie d'énergie, 20% de diminution des rejets de Gaz à Effet de Serre
(GES), 20% d'énergies renouvelables à l'horizon
2020 – semblent pourtant s'éloigner au fur et à mesure qu'on se rapproche
de cet horizon…
La COP 21 de 2015, qui
reprenait cette problématique, n'a fait que durcir l'objectif à atteindre, en
retenant, pour l'ensemble de l'UE[2]
une diminution des GES de 40%, cette fois, à l'horizon 2030. Le rapport du GIEC[3]
daté d'octobre dernier confirme l'urgence de mettre en œuvre les résolutions
prises durant cette Conférence, si l'on veut limiter à 1,5°C l'élévation moyenne de
température du globe d'ici 2100, et en éviter les conséquences en termes d'impact
sur les écosystèmes fondamentaux.
Depuis ces grand-messes qui
se voulaient consensuelles, les polémiques n'ont cessé, amplifiées par
l'incompétence des journaleux sur le sujet[4],
l'incohérence des politiques d'approvisionnement en gaz et pétrole, la pensée
unique sur l'éolien et le photovoltaïque, ou l'absence de débat raisonné sur le
nucléaire, débat confisqué par certaines ONG aux ambitions ambigües pour ne pas
dire douteuses[5].
Il est donc temps de
reprendre à zéro ce problème, en se fixant des objectifs de bien national – à défaut de pouvoir
régler la chose au plan international – en effectuant une analyse rationnelle
sur la façon d'atteindre ces objectifs et en tenant compte des exigences chiffrées
en matière de besoins énergétiques de la nation.
Et en final, contribuer à
éclairer une question dont dépendent largement l'indépendance et la sécurité du
pays, telle est l'ambition de cet article.
Et ainsi faire en sorte que la
formule "on n'a pas de pétrole mais on a des idées" puisse ne pas
rester lettre morte…
________________________________________
Dans ce qui suit, je prendrai
en compte 3 critères de choix des stratégies énergétiques dans cet ordre
d'importance décroissant:
1. combattre/limiter le changement climatique:
A ce point de rédaction, il
convient de s'adresser aux climato-sceptiques: "Non, cet article ne vous
est pas destiné! Vous pouvez vous en épargner la lecture, comme s'épargneront
la lecture des œuvres de Darwin les créationnistes du monde entier!..."
Pour les autres, et en
particulier pour ceux qui pourraient encore douter du consensus atteint par les
membres du GIEC, je rappellerai brièvement pourquoi on peut faire confiance à
la communauté de scientifiques qu'il représente[6]:
-
rappelons ici que
le GIEC "ne fait pas ses propres projections, il évalue celles publiées
par la communauté scientifique"[7]
-
cette communauté
compte des experts en provenance des 195 pays membres de l'ONU, ainsi que 156
organisations observatrices pertinentes
-
les rapports du
GIEC proposent donc une synthèse des connaissances scientifiques sur le
sujet, qui prend en compte aussi bien les publications scientifiques faisant
l'unanimité que celles qui sont contestées. Chaque rapport est ainsi le fruit
d'un long débat aboutissant à un consensus entre climatologues[8]
-
les scientifiques
qui en contestent les travaux sont rarement des climatologues, mais souvent des
spécialistes des sciences de la Terre dont le domaine d'étude (planétologie,
tectonique des plaques…) déborde largement le cadre, en particulier temporel,
d'intérêt[9]
-
des modèles
alternatifs[10] avancés pour la mesure du
réchauffement climatique ont abouti aux mêmes conclusions que celles du GIEC,
savoir une corrélation étroite entre réchauffement climatique et volume des
émissions de GES
et pour finir, je citerai
l'adage on ne peut mentir tout le temps à
tout le monde: si le GIEC, durant ses 30 années d'existence, n'avait fait
que porter un mensonge, cela finirait par se savoir…
2. assurer une indépendance énergétique:
La conscience de notre
dépendance énergétique a pris corps en 1973 lorsque le 1er choc
pétrolier nous a obligés à mettre le doigt sur cette évidence: en France, on n'a pas de pétrole… (voir
plus haut). Un constat dramatique compte tenu de notre modèle de développement
économique basé, depuis le début du 20ème siècle sur une énergie
pétrolière à bon marché[11].
Il convient donc de revoir ce
paradigme à la lumière de ce que le sol national peut fournir, en termes
d'énergies durables, ou si ce n'est pas le cas, en termes de ce que des
alliés objectifs peuvent contribuer à nous aider pour approcher au mieux
cet objectif d'indépendance énergétique.
3. maintenir un accès universel à l'énergie:
Universel s'entend ainsi:
pour tout citoyen résidant de l'hexagone ou des dépendances d'outre-mer, tout
ce qui peut permettre un niveau de prix "acceptable" d'une part, un
accès durable de long terme aux énergies identifiées selon les deux premiers
critères d'autre part.
Dans cette équation, la place
des économies d'énergie à réaliser sera prépondérante, et l'on passera
en revue les mesures possibles à prendre dans ce domaine, sachant que le meilleur kilowatt-heure, c'est celui qui
n'est pas consommé.
Changement climatique, indépendance énergétique, accès
universel et durable à l'énergie, tels sont les trois thèmes à traiter pour
définir la transition énergétique pertinente. Compte tenu de la dimension du
problème, ce premier article ne traitera que du premier thème, les deux autres
faisant l'objet de deux autres articles à venir. A moi de vous convaincre de revenir
sur mon blog une fois achevée la lecture de ce premier article!
_____________________________________
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
La cause est entendue[12]:
pour réduire les émissions de GES il convient de sortir des énergies fossiles[13],
c'est-à-dire arrêter au plus vite la combustion de leurs composantes dont
l'équation globale est de la forme:
Charbon, pétrole, gaz + oxygène → chaleur de
combustion + GES + résidus[14]
(eq.1)
A ce point, et compte tenu
des bêtises parfois racontées dans les media[15],
sont des énergies fossiles "des matériaux combustibles formés dans les
roches par transformation de végétaux fossiles[16]"
Mais qu'est ce qu'un végétal?
Sous l'aspect conversion
d'énergie, un végétal réalise la photosynthèse de l'énergie solaire selon
l'équation schématique globale:
Eau + gaz carbonique + énergie solaire →
hydrocarbonates + oxygène[17] (eq.2)
Deux remarques:
-
le végétal consomme
donc du gaz carbonique, et contribue ainsi à réduire la quantité de ce GES dans
l'atmosphère: c'est un excellent "séquestrateur" de carbone,
qui plus est, naturel (on y reviendra plus loin)
-
le végétal produit
de l'oxygène[18]: c'est un excellent
régénérateur de l'air que l'on respire (mais on connaissait déjà l'importance
des espaces verts dans les villes)
De ces remarques, il découle
qu'une transition énergétique bien comprise doit préserver le couvert végétal.
On y reviendra quand on parlera de biomasse.
Mais revenons aux énergies
fossiles. Quels moyens mettre en œuvre pour s'en passer?
Il convient de partir de
l'existant pour mesurer de façon quantitative les efforts à fournir et
dégager les choix permettant d'éliminer le recours à ces énergies fossiles à
(plus ou moins long) terme.
Comme illustré dans la figure
schématique ci-dessous[19],
la France en 2017 – dernière année pour laquelle ces données sont disponibles –
a mobilisé 259,3 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep[20])
pour satisfaire une consommation finale de153,6 Mtep. Comment expliquer la
différence entre ces 2 chiffres, en d'autres termes comment expliquer
l'évaporation de plus de 100 Mtep entre production et consommation?
Bilan énergétique de la France en 2017
(fig.1)
Le schéma sur ce point est
clair: pour l'essentiel il s'agit des pertes de conversion d'énergies primaires
en énergie électrique, et cette conversion s'effectue toujours avec un
rendement[21] inférieur à 1. Plus
précisément cette conversion s'effectue essentiellement par production de
chaleur (centrales calogènes) utilisée pour fournir de la vapeur d'eau à haute
pression venant entrainer une turbine couplée à un alternateur générateur de
courant électrique[22].
On peut résumer ce processus au moyen de l'équation:
Energie primaire → chaleur → énergie mécanique[23] →
énergie électrique (eq.3)
Une première conclusion
s'impose: il est illusoire de compter substituer l'électricité à la totalité
des énergies primaires requises[24].
Au reste, on voit que l'électricité contribuait pour 25% "seulement"
au total des énergies consommées en 2017.
La limite des énergies renouvelables
Le schéma est également clair
sur ce point: la somme de ces énergies (thermique, hydraulique, éolien, photovoltaïque…)
contribuait pour 10,6% au total 2017 des énergies primaires, comme le résume la
figure schématique suivante[25]:
Part des énergies renouvelables EnR
(fig.2)
Ce schéma montre également
que la biomasse (biocarburants inclus) demeure la première part de ces énergies
renouvelables (5,7% des énergies primaires) devant l'hydraulique (1,7%) et loin
devant l'éolien et le photovoltaïque (moins de 1% chaque). Concernant ces deux
derniers, ce constat est à l'origine de la pensée unique des écolos-jobards qui
verraient bien ce fait comme le résultat d'un lobby pro-nucléaire…Ce serait ne
pas tenir compte des limitations inhérentes aux principes de ces deux énergies:
Pour l'éolien:
-
pour grandes que
soient les éoliennes modernes (50m et plus de hauteur) leur puissance installée[26] dépasse
rarement les 5 mégawatt[27]
(MW), c'est-à-dire qu'il faudrait de l'ordre de 200 éoliennes pour remplacer 1
réacteur nucléaire développant, en moyenne, 1 gigawatt[28]
(GW) comme explicité plus bas; le remplacement complet du parc nucléaire, à
puissance installée constante[29], exigerait
donc le déploiement de l'ordre de 12 000 éoliennes
-
mais il faut
également tenir compte du "facteur de charge", c'est-à-dire la
moyenne des temps de fonctionnement des éoliennes compte tenu de la variabilité
des vents: ce facteur est de l'ordre de 25% pour la France métropolitaine[30];
ce facteur de charge étant de 73% pour le nucléaire[31],
il faudrait en final 73/25 x 12 000 ~ 35 000 éoliennes pour espérer produire la
même quantité d'électricité que les 58 réacteurs nucléaires actuels.
Pour le solaire photovoltaïque:
-
la première
limitation inhérente à cette filière est l'Irradiation solaire Globale
Horizontale (IGH), c'est-à-dire la quantité d'énergie que l'on peut espérer
récupérer sur un panneau solaire de 1 m2 ; pour la France elle est en moyenne de
1274 KWh/m2 par an[32]
et fortement dépendante du lieu où cette irradiation est mesurée[33]
-
cette quantité
est elle-même soumise à plusieurs variabilités portant sur la saison (la moitié
de l'IGH est reçue entre mai et aout), sur l'heure (elle culmine entre 12 et 14
heures) mais assez peu sur la météo, les passages et absences de nuages se
compensant en moyenne; ces différentes variables se combinent pour donner un facteur
de charge moyen de 13% sur l'hexagone[34]
-
à cela s'ajoute
la limitation du rendement inhérente à la conversion de l'énergie solaire en
électricité; la meilleure technologie actuelle (le silicium monocristallin[35])
fournit un rendement de l'ordre de 15% c'est-à-dire que seuls 15% de l'IGH moyenne
pourra être récupérée avec cette technologie
-
en tenant compte
simultanément du facteur de charge et du rendement, le remplacement des
quelques 400 TWh[36] d'énergie électrique
fournie en 2017 par le nucléaire nécessiterait en final[37] ~ 16 milliards de panneaux solaire de 1m2
chacun, c'est à dire couvrant une surface de 16 000 km2; à titre indicatif, cela
équivaut à peu près à la superficie de la région Franche-Comté…
-
on parlera plus
tard des émissions de GES inhérentes à la production du silicium cristallin, la
base des panneaux photovoltaïques actuels; car si le silicium "c'est du
sable[38]",
ce sable est en fait de la silice, un oxyde de silicium qu'il faut fondre, réduire[39]
avant de le faire cristalliser, éventuellement doper ce cristal en éléments
beaucoup plus rares que le sable[40]
pour améliorer son rendement, et en final, dépenser beaucoup d'énergie[41]
pour le produire avec les émissions de GES associées…
Mais revenons à nos moutons
en parlant des autres énergies renouvelables:
Le solaire thermique:
C'est le chauffe eau solaire
qui équipe déjà nombre d'habitations individuelles en région PACA. Il est
soumis à la même limitation de base que le photovoltaïque, c'est-à-dire le GIH
du lieu d'implantation. Ceci explique que cette filière ne couvre que 0,4% du
total des énergies renouvelables[42]
et que les grands projets de sa mise en œuvre, sauf quelques réalisations dans
le sud de la France[43]
soient orientés à l'exportation vers des pays au GIH plus élevé[44].
L'hydraulique:
Bien que ne fournissant que
16% du total des énergies renouvelables (fig.2), l'électricité d'origine
hydraulique est une contribution majeure au bilan électrique national avec plus
de 25 GW installés[45].
Elle est cependant très dépendante de la pluviométrie, ce qui explique
le recul de 18% de sa production en 2017, année particulièrement soumise à la
sécheresse[46]. Cette production oscille
ainsi entre 50,3 TWh en 2011, année historiquement "sèche", et 75,7
TWh en 2013 année "pluvieuse".
La France ayant pratiquement
"fait le plein" en aménagement de ses bassins fluviaux[47],
la puissance installée n'évoluera plus que faiblement[48]. Compte
tenu d'un facteur de charge moyen[49]
de 28%, la production en année normale devrait se stabiliser aux alentours de
61 TWh annuels, sauf à assister à une évolution de long terme de la
climatologie en France[50].
Surtout, l'hydraulique
présente l'intérêt de pouvoir stocker de l'énergie par pompage vers les
retenues d'eau des grands barrages; elle forme ainsi un complément idéal aux
autres énergies en modulant indirectement leur production en fonction de la
demande instantanée nationale en électricité.
La biomasse:
Avec plus de 50% du total des
énergies renouvelables (fig.2), la biomasse est d'ores et déjà la première
alternative possible, hors nucléaire, aux énergies fossiles. Son potentiel
découle directement de l'équation (eq.2) vue plus haut, laquelle est réversible
sous la forme d'une combustion:
Hydrocarbonates + oxygène → eau + gaz carbonique +
chaleur de combustion (eq.4)
Et comme il n'y a qu'un pas
des hydrocarbonates aux hydrocarbures, on voit que l'on tient ici une alternative
à la combustion des énergies fossiles explicitée en équation 1! A l'échelle de
la planète on estime[51]
en effet que l'ensemble de la végétation terrestre ou maritime (plancton,
algues…) "séquestre" plus de 4 milliards de tonnes de carbone chaque
année…
A ce stade de rédaction, on
peut imaginer le dialogue suivant avec le lecteur énervé:
-
Le Lecteur
Enervé: cette combustion produit des
GES comme le faisait la combustion des énergies fossiles! Quel est donc son
intérêt??
-
Ma Réponse: le gaz carbonique et la vapeur d'eau qu'elle rejette
sont ceux que le végétal avait séquestrés par photosynthèse au cours de sa
période de croissance; en d'autres termes, et à surface exploitée constante,
la combustion de la biomasse est neutre en quantité de GES rejetés
-
L.L.E: et les résidus dont on parle en eq.1? la combustion
de la biomasse se fait sans résidus??
-
M.R.: il ya effectivement des résidus; tout particulièrement les particules
fines ou les oxydes d'azote rejetés, en particulier, par la combustion du bois[52];
mais on verra plus loin les moyens d'y obvier
-
L.L.E: on dit plus haut que la transition énergétique doit
préserver le couvert végétal: ne fait on pas l'inverse en brûlant de la
biomasse??
-
M.R.: il ya de la place pour tout le monde! Autant on ne peut se permettre de
couvrir une Région entière en panneaux photovoltaïques, autant peut on orienter
des centaines de milliers d'hectares laissés en jachère ou déjà cultivés vers
de nouvelles forêts ou des cultures bioénergétiques!
Mais éclairons plus en détail
la lanterne du lecteur énervé.
Du bon usage de la
biomasse
Sous l'aspect combustion, la
biomasse est une énergie carbonée au même titre que les énergies fossiles[53].
Pour s'en persuader, il suffit de comparer l'intensité des rejets de GES telle
que compilée en 2014 par le GIEC[54], pour
l'ensemble des énergies:
Rejets de GES par KWh consommé (en grammes
équivalents de CO2) (fig.3)
Bien noter que ces chiffres incluent la part des
rejets imputables à l'extraction, le transport, la transformation des
différentes énergies ainsi que la construction des infrastructures pertinentes
C'est ainsi que le solaire
qui n'émet pas de GES en fonctionnement, contribue cependant pour 45g CO2/KWh
au bilan global de cette énergie, comme rejets imputables à la seule production
des panneaux solaires.
Autre constat: la biomasse,
en tant qu'énergie carbonée, s'avère être le 4ème plus gros pollueur
après charbon, pétrole et gaz…mais, comme vu plus haut, la seule combustion
de la biomasse, peut être neutre en quantité de GES rejetés sous deux
conditions complémentaires:
-
exploiter de
façon durable la biomasse,
c'est-à-dire que les prélèvements annuels doivent rester inférieurs à leur
production annuelle par photosynthèse
-
dans la mesure où
l'on continue par ailleurs de brûler des énergies fossiles, et autant que faire
se peut, étendre la surface cultivée de cette biomasse afin d'augmenter
le "puits de carbone" qu'elle constitue, en absorbant une partie des
GES émis par les énergies fossiles; ainsi, l'arrêt de la déforestation au plan
mondial pourrait contribuer pour plus d'un milliard de tonnes au bilan carbone
de la planète [55]
Moyennant ces précautions, la
biomasse est la seule énergie capable d'un développement quantitatif
significatif sur le sol national ou le long de nos côtes (récolte des algues)
sous ses trois composantes:
-
biomasse
solide: ou bois-énergie, en
exploitant de façon durable les 16 millions d'hectares couverts par la
forêt française, sachant que 4,82 millions de m3 de bois produiront 1 Mtep
toutes essences confondues[56]
-
biomasse
liquide: ou biocarburant obtenu par
transformation de la biomasse à glucides (céréales, betterave…) ou à lipides
(colza…) en bioéthanol ou équivalent[57];
certaines cultures permettent d'espérer un rendement proche de 10 GWh/an pour
une parcelle de 100Ha[58]
-
biomasse
gazeuse: ou biogaz, issu de la
fermentation de matières organiques spécifiques[59]
et de tous les déchets organiques résultant des activités humaines; pour ces
derniers, la méthanisation des 150 Mtonnes/an
de résidus agricoles pourrait contribuer, en 2020, à la production de 6,5
TWh/an par des centrales électriques fonctionnant au biogaz[60]
Enfin, et pour réduire la part
imputable à production/transport/stockage de la biomasse, il convient de
développer les procédés permettant de la réduire à moins de 10% du total des
rejets pour rétablir le rang de la biomasse au niveau de l'hydraulique par
exemple.
Parmi ces procédés:
-
la torréfaction
de la biomasse: qui rend cette dernière friable et hydrophobe (biochar) permettant son stockage de
longue durée; elle permet d'augmenter son pouvoir calorifique de 80 à 100% et
d'économiser près de 50% sur les coûts de transports[61]
-
la carbonisation
hydrothermale: ou transformation de la biomasse en hydrochar, neutre en émission de CO2, et qui concentre 90 à 100% du
carbone initial[62]
-
la cokéfaction: c'est
la transformation du bois en gaz naturel de synthèse (syngaz), voire en essence de synthèse en fonction du procédé; toutefois
cette "usine à gaz", réminiscente de son homologue produisant le coke
de houille, nécessite des efforts de R&D pour en faire un procédé
opérationnel
-
la production d'agrocarburants par fractionnement de la
biomasse ligno-cellulosique par voie sèche, évitant les prétraitements
chimiques polluants[63]
Nous avons à présent toutes
les données quantitatives permettant de définir une transition énergétique
adaptée.
Transition
énergétique: quelle stratégie?
A titre d'exercice, posons
nous cette question: les objectifs du Grenelle de l'environnement tels que
rappelés en début d'article sont ils possibles à atteindre, c'est-à-dire en
2020?
Objectif N°1: 20% d'énergie économisée par rapport à 2007:
La consommation finale
(c'est à dire, une fois défalquées les pertes de transformation, transport et
distribution) énergétique (hors usages non énergétiques des sources
primaires) s'élevait en 2007 à quelques 145 Mtep[64],
en légère décroissance[65]
continue pour atteindre les 141 Mtep de 2017. L 'atteinte de l'objectif N°1 supposerait
donc une consommation finale en 2020 de l'ordre de 145 – 29 = 116 Mtep.
Objectif N°2: 20% d'énergie renouvelable:
Il faut donc que cette
dernière passe à 116 x 20% ~ 23Mtep la différence soit 93Mtep se partageant
entre le nucléaire d'une part, les énergies fossiles d'autre part. On est donc
amené à arbitrer entre ces 2 énergies; deux scénarios extrêmes:
-
fin totale du
nucléaire en 2020: il faut alors consommer 93 Mtep d'énergies fossiles soit 11%
de plus qu'en 2017: ça ne va pas vraiment dans le sens de l'histoire…
-
sortie des énergies
fossiles à ce même horizon: les 93 Mtep à fournir en électricité nucléaire
constitueraient plus du double de toute l'électricité consommée en 2017!
La réalisation des objectifs du Grenelle impliquent
donc de penser en objectifs de plus long terme la décroissance de consommation
des énergies fossiles, ou celle du nucléaire, ou des deux à la fois…
Et compte tenu des émissions
relatives en GES telles que quantifiées en figure 3, une conclusion s'impose:
il convient de maintenir un "socle nucléaire" le plus élevé
possible si l'on veut simultanément atteindre les objectifs 1 et 2 du
Grenelle[66] et contribuer de façon
significative à la réduction des GES.
Et pour mesurer les
conséquences du choix contraire fait par certains pays – c'est-à-dire renoncer
au nucléaire – le lecteur consultera avec profit le site www.electricitymap.org qui compile en temps réel les émissions GES
correspondant aux productions électriques de chaque pays. "A l'heure où nous mettons sous presse"[67], la France émet ainsi
97gCO2/KWh contre 444 pour l'Allemagne ….ce site donne également le détail des
sources d'énergies utilisées, le pourcentage de leur contribution à la
production totale d'électricité de ces pays ainsi que les flux import/export
d'électricité avec les pays riverains.
A ce stade, et compte tenu de
l'emprise irrationnelle de certaines ONG sur l'opinion publique il apparaît
nécessaire de réhabiliter le nucléaire. Et si on veut le faire de façon raisonnée,
il convient de couvrir les 3 aspects de ce thème, savoir:
-
rappeler les
fondamentaux quantitatifs ayant conduit les décideurs à faire le choix du
nucléaire pour garantir un approvisionnement régulier en électricité
-
replacer les
problèmes spécifiques du nucléaire dans une analyse raisonnée des risques
encourus, et
-
montrer comment
certaines ONG ont construit leur argumentation antinucléaire sur le mensonge et
l'irrationnel
Compte tenu du volume d'information à expliciter, ces
trois points feront l'objet d'une suite à ce premier article.
Conclusions
provisoires
Ce premier article
poursuivait la définition d'une transition énergétique permettant, au plan
national, de combattre le changement climatique. A partir du mix énergétique quantitatif
actuel de la France, on a montré que cette transition énergétique devait
prendre en compte les constats suivants :
-
la sortie des énergies
fossiles ne pourra se faire que de
façon progressive compte tenu de la dépendance actuelle à leur égard de notre
économie (49% du total d'énergies mobilisées, 60% du total d'énergies consommées)
-
la montée en
puissance des énergies renouvelables devra continuer de privilégier
l'utilisation de la biomasse, seule alternative quantitative nationale sur
le long terme
-
cette utilisation
se fera simultanément en augmentant les surfaces mises en forets pour
constituer autant de puits de carbone, et en privilégiant les cultures
bioénergétiques, le tout dans les limites de la production par photosynthèse du
sol national; ceci ne pourra se faire qu'en impliquant fortement le monde
agricole
-
un effort de
R&D important devra être consenti de façon à réduire le bilan carbone
global de cette filière au niveau de celui de l'hydraulique par exemple
-
sur
l'hydraulique, peu de gains de production sont à espérer compte tenu du niveau
d'équipement de la France d'une part, de l'impact environnemental qu'aurait
tout nouveau projet conséquent d'autre part
-
compte tenu des
limites technologiques inhérentes à ces filières, l'éolien et le solaire
continueront d'être développés en tant qu'énergie d'appoint en
privilégiant les projets de faible envergure
-
les champs
d'éoliennes, en particulier, trouveront rapidement leurs limites en termes
d'acceptabilité sociale; quant au photovoltaïque, il faudra renoncer aux grandes
fermes solaires en tant qu'emprise du sol effectuée au détriment de la biomasse[68]
-
il faudra toutefois
poursuivre la R&D visant à optimiser l'insertion dans le réseau électrique[69]
de ces deux filières énergétiques intermittentes d'une part, visant à réduire
notre dépendance technologique à l'égard de l'étranger[70]d'autre
part
-
durant le nombre
conséquent d'années que prendra l'abandon progressif des énergies fossiles et
la montée en puissance des renouvelables, il faudra maintenir un socle d'énergie
nucléaire pour continuer de satisfaire la demande nationale en électricité
-
conscient que
cette dernière proposition présuppose de réhabiliter l'électronucléaire auprès
de l'opinion publique, un prochain article sera consacré à cette nécessaire
réhabilitation
Et tout le reste n’est que littérature.
Notes et
références
[1] WikipédiA: "Grenelle
Environnement"
[2] WikipédiA:
"Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques"
[3] Rapport de l'International Panel on Climate Change,
le "bras technique" du GIEC: https://www.ipcc.ch/
[4] Cf mon article de 2016
"Pour une critique raisonnée du journalisme contemporain"
[5] Et laissons de côté la
dernière initiative des écolo-politiques visant à attaquer en justice l'Etat au
motif d'inaction: ça ne fera certainement pas avancer le schmilblick!
[6] WikipédiA: "Groupe
d'experts intergouvernmental sur l'évolution du climat"
[7] Valérie Masson-Delmotte,
paléo climatologue, VP du groupe de travail N°1: "Principes physiques du
changement climatique"
[8] "Pour éviter le
chaos", ed.Odile Jacob, par Jean Jouzel, climatologue et glaciologue, VP
du GIEC
[9] Ainsi de certains
chercheurs de l'Institut de physique du globe dont le domaine d'études n'a
jamais couvert la climatologie
[10] Projet "Best",
Science & découvertes, Sciences et Vie, aout 2015
[11] "Le choc pétrolier
de 1973", Emission "Affaires sensibles" du 3 avril 2017, France
Inter
[12] Car seuls les climato
sceptiques à la Donald-trompe en contestent le propos; mais comme ils se sont
d'eux-mêmes exclus de la lecture du présent document…
[13] La référence à un certain
slogan populiste ne t'aura pas échappée, lecteur attentif!
[14] Goudrons, oxydes de
soufre, d'azote etc…
[15] Media, pluriel de medium,
ne saurait pas prendre plus d'S que data, pluriel de datum; seuls des
journaleux ont pu faire croire le contraire
[16] Le Robert, Dictionnaire
du français primordial
[17] Encyclopaedia Universalis:
Vol 12, p.1060
[18] Tout au moins lorsqu'il
reçoit de l'énergie solaire, c'est-à-dire en plein jour
[19] " Bilan énergétique
de la France métropolitaine en 2017", avril 2018, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/datalab-essentiel-143-bilan-energetique-france-en-2017-avril2018.pdf
[20] Avec les hypothèses de
l'Agence internationale de l'énergie, 1 Tep = 11,63 MWh (WikipédiA: "Tonne
d'équivalent pétrole")
[21] De 10% en géothermie, 33%
pour le nucléaire, 40% pour le charbon: http://www.side.developpement-durable.gouv.fr/EXPLOITATION/#
[22] Suis-je clair?
[23] Ce passage par l'énergie
mécanique obéit au second principe de thermodynamique: le rendement de
conversion reste inférieur à une limite (inférieure à 1), et ne dépendant que
des températures de la source chaude T1 (la chaudière) et de la source froide
T2 (le condenseur)
[24] "La voiture
électrique une fausse bonne idée?" question que l'on posera en 3ème
partie de notre exposé
[25] "Chiffres
clés de l'énergie-Edition 2018" https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-de-lenergie-edition-2018?rubrique=19&dossier=170
[26] WikipédiA "Energie
éolienne en France"
[27] Rappelons que 1 MW = 1
million de Watts soit 1000 Kilowatt
[28] 1 GW = 1 milliard de
Watts = 1000 MW
[29] Puissance nucléaire
installée totale de 61,3 GW en 2017
[30] Pouvant atteindre 41% en
décembre, ce facteur tombe à 13% en aout, toutes régions confondues (WikipédiA
"Energie éolienne en France": tableau facteur de charge en 2013). En
particulier, les éoliennes sont arrêtées pour raison de sécurité lors des
tempêtes…
[31] WikipédiA "Electricité
en France"
[32] WikipédiA "Energie
solaire en France"
[33] Elle varie de 1645 en
région PACA à 1089 en région Nord-Pas de calais (WikipédiA "Energie
solaire en France": potentiel solaire de la France)
[34] "Panorama des
énergies renouvelables" https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix
[35] Un rendement de 24% a été récemment obtenu en laboratoire mais sans passage en phase industrielle: https://www.lechodusolaire.fr/category/6-technologies/pv-silicium/
[36] 1 TWh = mille milliards
de Wattheures! comme aurait pu s'exclamer le capitaine Haddock
[37] Pour le lecteur amateur
de chiffres: (400 x 10exp12 / 1274 x 10exp3) / 0,13 x 0,15 (ouf!)
[38] L'écolo de service,
émission "L'invité du matin" du 25 avril 2016, France Culture
[39] C'est-à-dire casser la
molécule SiO2 à haute température pour en tirer le Si pur
[40] Indium, Sélénium,
Galium…pour un rendement pouvant atteindre 46% (WikipédiA "Panneau
solaire")
[41] En moyenne, un panneau
met 4 ans à produire l'énergie nécessaire à le fabriquer https://www.nrel.gov/docs/fy04osti/35489.pdf
[42] WikipédiA "Energie
solaire en France"
[43] Centrales de Ghisonaccia
(12 MW: à peine plus que 2 éoliennes…) en Corse, de Llo (9 MW) en Pyrénées
Orientales: WikipédiA "Energie solaire en France": énergie solaire
thermodynamique
[45] WikipédiA "Electricité
en France"
[46] "Chiffres clés de
l'énergie-Edition 2018" https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-de-lenergie-edition-2018?rubrique=19&dossier=170
[47] Et compte tenu qu'un
nouvel aménagement "majeur" aurait un impact environnemental à priori
disqualifiant (WikipédiA "Barrage de Sivens")
[48] Sauf si les recherches en
hydraulique marine débouchaient sur de nouveaux gisements exploitables le long
des côtes
[49] Calculé sur la vie des
centrales depuis leur installation (WikipédiA "Electricité en France":
tableau facteurs de charge)
[50] On constate un repli
tendanciel de 4TWh par an depuis 2005, année de référence: https://www.rte-france.com/sites/default/files/rte_bilan_electrique_2011_1.pdf
[52] WikipédiA "Biomasse
(énergie)"
[53] "La neutralité
carbone du bois énergie: un concept trompeur?", Philippe LeTurcq, CNRS, 2011
[54] C'est-à-dire par l'IPCC: www.electricitymap.org
[55] WikipédiA "Cycle du
carbone"
[56] Sur les 40millions de m3
prélevés sur la forêt en 2010, 11% ont été utilisés en bois-énergie: https://www.ademe.fr/
[57] WikipédiA "Biomasse
(énergie)"
[58] "Bilan énergétaique
de la culture du miscanthus" https://www.bioenergie-promotion.fr/5572/bilan-environnemental-et-energetique-de-la-culture-du-miscanthus-en-wallonie/
[59] Cultures Intermédiaires à
Vocation Energétique (CIVE): WikipédiA "Méthanisation"
[60] WikipédiA
"Méthanisation"
[61] WikipédiA "Biomasse
(énergie)": stratégies, la torréfaction
[62] WikipédiA "Biomasse
(énergie)": stratégies, la carbonisation
[64] "Chiffres
clés de l'énergie-Edition 2018" https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-de-lenergie-edition-2018?rubrique=19&dossier=170
[65] Cette décroissance
probablement plus due à la crise de 2008 qu'à une véritable politique de
décroissance énergétique…
[66] Même en les reculant
au-delà de 2020, date devenue à présent irréaliste…
[67] 05/02/2019 - 14h07
[68] En particulier le projet
photovoltaïque des Landes de Gascogne, à forte odeur de lobby photovoltaïque,
devra être abandonné: https://www.lemonde.fr/energies/article/2018/11/26/dans-le-lot-et-garonne-un-projet-photovoltaique-geant-suscite-des-doutes_5388984_1653054.html
[69] "Smart grid" ou
réseau électrique intelligent (WikipédiA "Smart grid")
[70] Importation des panneaux
solaires par exemple
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- Snippets
Le ridicule ne tue plus (suite)
Au cours des épisodes à répétition sur l'évacuation de la ZAD (sic) de Notre Dame d'Hollande, les journaleux n'ont pas manqué de féminiser la fonction de préfet au motif que cette fonction se trouve, en Loire Atlantique, exercée par une femme. Cela nous a donné l'ineffable expression de "préfète" répétée à satiété lors de chaque journal d'information(*)…
Que cette féminisation soit
un non sens grammatical, j'ai eu suffisamment l'occasion de le montrer pour ne
pas y revenir. Mais, comme c'est souvent le cas, il apparaît que cette
féminisation ne passe pas l'oral: préfète, cela sonne comme starlette, schtroumfette,
…bref comme tout ce qui est affublé du diminutif "ette", la personne
à qui l'on accole ce pseudo-adjectif se trouve finalement diminuée dans l'inconscient
collectif.
Triste retour de bâton d'un
féminisme se jugeant bien intentionné!
(à suivre)
(*) il est vrai que le
journaleux de service était trop fainéant pour y substituer le seul
grammaticalement correct "Madame le Préfet"; ceci a été depuis répété
dans d'autres circonstances analogues
La chine, avenir de l'humanité
Après plusieurs années
consacrées par le pouvoir communiste à les combattre, la Chine remet au goût du
jour les valeurs confucéennes sur lesquelles avait été construit l'Empire du
Milieu: valorisation de la famille, autorité de la hiérarchie, respect des
ainés, toutes valeurs qui visent à assurer la cohésion de la société…
A un moment où le Parti au
pouvoir se doit d'assurer la cohésion d'une société comptant plus de un
milliard d'individus, nul doute que la remise d'actualité de ces valeurs ne
l'aide à atteindre cet objectif.
Un modèle qui ne devrait plus
tarder à s'imposer à l'ensemble d'une planète surpeuplée comme le seul modèle
pérenne.
Toilettes sèches
Dans un récent
"TIME" la mésaventure d'une citoyenne d'Afrique du Sud, pays menacé
comme chacun sait par une pénurie d'eau douce exceptionnelle, et fortement
encouragée à adopter des toilettes sèches:
"Dépenser environ 200 euros pour un dispositif
high tech de compostage me semblait être un bon choix. Jusqu'à ce que je lise
ce qui était mentionné en petits caractères. Le contenu des toilettes doit être
laissé à maturation durant plusieurs mois, sur une parcelle de sol bien
drainée, à plusieurs mètres de toute habitation humaine…Maintenant, je
m'imagine en train de charrier des seaux de matières fécales jusqu'à la plus
proche ferme agricole."
A méditer…
Les Droits de l'Homme, une éthique de la
conviction?
Confrontés au dilemme de
faire revenir des islamistes capturés par les combattants Kurdes, comme à la
dure nécessité de remettre en liberté les islamistes ayant fini de purger leur
durée d'emprisonnement, nos politiciens, nos juges chargés de dire la Loi votée
par les premiers, reconnaissent qu'ils sont amenés à remettre sur la place
publique de dangereux individus auxquels les Droits de l'Homme assurent une
impunité de long terme.
Car enfin, la déradicalisation préalable des individus
ainsi libérés supposerait l'application de mesures coercitives rejetées
d'emblée comme contraire à ces Droits que notre société s'astreint à respecter,
même au bénéfice de ceux qui les déclarent contraires à leurs principes
religieux.
Cette véritable "éthique
de la conviction" permet à ceux qui la prônent de garder les mains propres
tout en se débarrassant à bon compte du soin de faire respecter le droit de
tout citoyen à vivre sous la sécurité de la Loi. Au nom de ce Droit suprême, ne
conviendrait il pas d'envisager une application sélective des Droits de l'Homme
et ainsi de mettre en œuvre une "éthique de la responsabilité"(*) qui
prend en compte la conséquence ultime des jugements rendus au nom de la Loi?
Faute de quoi, et pour
paraphraser Péguy, nous garderions sans doute les mains propres, mais aurions nous
encore des mains?
(*) pour éthique de conviction versus éthique de responsabilité, cf.
l'interview de Luc Ferry sur France culture du 5 juin 2017
Mai 68: le triste bilan
Les manifestations jaunes de fin 2018 ont failli escamoter
le cinquantenaire d'autres événements tout autant anxiogènes à l'époque.
Pourtant, et nostalgie des barricades aidant, rien ne nous aura été épargné
d'une commémoration dont tout un chacun revendique sa propre lumineuse lecture.
Cependant, avec le recul d'un
demi-siècle, et devant le constat d'échec d'une révolution autant
"introuvable" qu'avortée, force est de constater qu'il ne reste plus
des événements de Mai 68 que l'écume
d'un mouvement cristallisé en premier lieu sur la contestation des élites issues
de la méritocratie républicaine.
Encouragée à l'époque par une
lecture superficielle des événements contemporains de la "révolution
culturelle" chinoise, cette contestation a naturellement débouché sur le
rejet de l'autorité publique pourtant seule garante de l'Etat de Droit, sur la
remise en cause des fondamentaux que l'enseignement est censé transmettre à tout
citoyen, sur la dévalorisation
progressive de cet enseignement et la pénurie de personnel qualifié acceptant
de le servir dans ce contexte, et, de là, sur la mise en doute des progrès de
la Science et de ses acquis les moins contestables (hygiène, vaccination…).
Écume de cette écume, le
glissement progressif vers une société de plus en plus incivile fait que la
France se place à présent pour cette matière tout juste avant la Slovaquie(*).
(*) Observatoire des
incivilités cité par France Culture; voir aussi le coût économique de ces
incivilités sur capital.fr
Brexit: ou le nouvel hôtel California
A constater les difficultés
qu'éprouve Theresa May pour finaliser un accord de sortie de l'UE acceptable
par les 27 partenaires concernés, certains(*) se demandent si cette UE ne
serait pas un avatar moderne de l'Hôtel
California des années soixante dix. Dans ce tube circa 1976 le groupe des Eagles n'y chantait il pas "such a lovely place…you can check out
any time you like, but you can never leave!"
(*) cf. la chronique de Brice
Couturier, France Culture du 31 janvier 2018