jeudi 23 juin 2016

02-Lettre Ouverte

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Lettre ouverte à François Lenglet

Cher Monsieur Lenglet,

C'est un baby boomer retraité qui vous écrit. Un retraité qui a suivi avec beaucoup d'attention votre émission TV "Angle éco" du 31 mai dernier. Permettez-moi de n'être pas d'accord sur un certain nombre de points.

1.   les baby boomer retraités ou "la croisière s'amuse"

A en croire l'introduction de votre émission, les baby boomer retraités seraient des habitués des croisières en méditerranée à bord de l'un des paquebots des Cies MSC ou Royal Caribbean. Permettez-moi de vous rappeler que les retraités qui peuvent se payer ce genre de croisières ne représentent, à mon avis qu'une minorité de baby boomer retraités, celle appartenant aux "classes aisées", lesquelles ne rassemblent, aux dires de l'INSEE pas plus de 20% de la population d'intérêt[1].

Pour être objective, cette introduction aurait dû mettre en parallèle cette minorité avec ceux des baby boomer retraités qui ne disposent que de la seule "retraite des vieux" c'est-à-dire les pensions servies par la Caisse Vieillesse de la Sécurité Sociale. Il eut été intellectuellement honnête de rappeler que cette CNAV ne verse pas de pension supérieure à 50% du plafond de la Sécurité Sociale, et vous auriez été bien inspiré de montrer, avec le même luxe de détails utilisés pour ceux de la minorité "privilégiée", quelques uns de ceux qui galèrent avec ce niveau de pension[2].

Au passage, vous auriez pu également pointer du doigt la "générosité" des pouvoirs publics qui leur ont attribué le 1er avril dernier une augmentation de 0,1%, soit à peu près de quoi s'offrir une baguette de pain en plus chaque mois[3]

Quant aux autres baby boomer retraités, dont l'essentiel des pensions est versé par les Caisses de retraite complémentaire[4], je souhaite vous rappeler que le montant de ces pensions est bloqué depuis plus de 3 ans, effort qui a été "vendu" comme la contribution de ces retraités aux difficultés économiques rencontrées par ces Caisses[5].

2.   la "guerre des générations"

Comme exprimé dans le sous-titre de votre émission – "la guerre des âges" – vous contribuez par le ton général de votre émission à accréditer ce concept énoncé il y a quelques années pour la première fois par feu l'économiste idéologue Bernard Maris.

Si effectivement la présentation tendancieuse des baby boomer retraités en croisière pourrait accréditer l'hypothèse d'une semblable guerre, il eut été plus exact et plus responsable à la fois de rappeler que l'actuelle retraite par répartition est l'expression même d'une solidarité intergénérationnelle telle que l'avait souhaitée le Conseil National de la Résistance à la fin de la seconde guerre mondiale.

Certes, je vous accorde crédit pour votre juste illustration du travers sous tendu par l'autre système, la retraite par capitalisation, et ses dérives induites par la mainmise des fonds de pension anglo-saxons sur certaines entreprises françaises réduites à y faire appel pour financer leur développement. Au passage vous auriez été bien inspiré de tenter d'expliquer pourquoi ces entreprises n'avaient pu attirer pour leur financement une partie de la considérable épargne française[6]

Sous l'angle pour le moins accusateur, de cette guerre de générations, le seul reproche que l'on pourrait faire aux baby boomer c'est de n'avoir pas fait assez d'enfants afin d'assurer la pérennité d'un système qui est plutôt représentatif d'une concorde entre générations. Peut être aurait il fallu un peu plus de pédagogie de la part de nos dirigeants politiques pour convaincre les baby boomer que leur descendance était essentielle à cette pérennité. Car enfin, c'est bien de la tendance démographique actuelle[7] que notre système souffre et que les dispositions prises pour assurer cette pérennité le sont, partiellement, au détriment des classes d'âge à venir (cf. paragraphe suivant).

Au-delà, il est simplement "populiste" d'affirmer que les baby boomer retraités ont bénéficié de privilèges autres que celui d'avoir eu la chance de naître au début des 30 glorieuses. Et je ne sache pas que l'on puisse attribuer la fin de ces dernières à une quelconque défaillance  de ceux qui avaient intérêt à ce qu'elles perdurent!

3.   des jeunes et de la répartition des efforts

Je voudrais dénoncer ici une contre vérité illustrée dans votre émission par les deux plateaux d'une balance qui recherche l'équilibre entre la charge des retraites des baby boomer retraités (plateau de gauche) et le coût des différentes mesures prises pour rétablir cet équilibre (plateau de droite). Parmi ces mesures vous citez la réforme Balladur (1993). Or la principale mesure de cette dernière a été de modifier la période de prise en compte des niveaux de rémunération pour le calcul des retraites. Cette période est ainsi passée des 10 meilleures années de carrière à 25, diminuant de façon sensible[8] le niveau des retraites perçues à partir de 2010, c'est-à-dire précisément les retraites de ceux des baby boomer ayant commencé de travailler à partir de 1970[9]

Le poids de cette réforme a donc été supporté majoritairement par ces mêmes baby boomer et non par leurs enfants[10]. Il eut été équitable au passage de rappeler que les fonctionnaires, dont la retraite est payée par le produit des impôts à l'exclusion de tout financement pouvant impliquer la solidarité entre générations, continuent de bénéficier du privilège d'une retraite calculée sur les 6 derniers mois de rémunération précédant leur départ, en dépit de l'alignement de leur durée de cotisation sur celle du régime général, alignement enfin obtenu par la réforme Fillon[11] (2003).

4.    le débat final

J'en arrive à la partie la moins convaincante de votre émission, celle du débat censé se dérouler "en compagnie d'experts", dixit Télé 7 jours.

Ce qui aurait pu être un débat fructueux entre de réels experts s'est résumé à une sorte de wish list exprimée par quelques "personnalités" sélectionnées sur des critères à tout le moins discutables, et visant surtout à mettre en exergue le sort individuel de quelques cas télégéniques[12].

Le seul expert véritable sur le plateau était le prix Nobel d'économie Jean Tirole auquel vous n'avez pas réellement laissé le temps de développer ses diagnostics et possibles suggestions d'économiste. Mais pouvait il en être autrement puisque vous ne lui avez accordé de temps de parole qu'en parité avec un bouffon dont je n'ai pas cru utile de retenir le nom, bouffon dont l'unique expertise économique était celle d'amuser régulièrement une grosse cohorte de youtubeurs

Et pourtant Jean Tirole avait beaucoup à dire sur les préconisations qu'il pouvait formuler, notamment pour ce qui concerne le sauvetage d'un système de retraites en péril, lequel "sauf à diminuer de façon considérable le niveau des pensions" appelle de nécessaires réformes, comme il l'avait explicité au cours d'interviews récentes accordées tant à l'Express[13] qu'à la radio[14].

En conclusion, cher Monsieur Lenglet,

Vous nous aviez habitués à un peu plus de rigueur dans les émissions auxquelles vous avez l'habitude de participer. Et l'on peut de se demander si, au cours de cette émission du 31 mai, vous n' avez pas sacrifié le fond à la forme afin de privilégier une "accroche" TV, la guerre des âges, qui vous assurerait l'audience médiatique de ces jeunes actifs objets de votre sollicitude.

Et tout le reste n'est que littérature.



[1] "Riches, pauvres & classes moyennes: comment se situer?", Centre d'observation de la société, 13 février 2016
[2] Soit, en 2016, un "minimum vieillesse" de 800 euros par mois pour une personne seule
[3] "Montant du minimum vieillesse au 1er avril 2016", Le Particulier, article du 29 mars 2016
[4] Pour lesquelles ils ont cotisé, au minimum, durant 40 années de leur vie professionnelle (cf. note 9)
[5] Ce qui n'empêche pas le fisc dans le même temps de les ponctionner davantage, année après année, en particulier via les augmentations de la CSG
[6] 1600 milliard d'euros d'encours rien que pour l'Assurance Vie: "Les 100 mots de l'épargne", Que sais-je?, PUF
[7] "Livre blanc sur les retraites", La documentation française, 1991
[8] Baisse de 660€ pour une pension moyenne de 7110€ par an [Les Echos, 16 février 2010]
[9] Puisque dans le même temps cette réforme faisait passer la durée de cotisations de 37,5 à 40 années
[10] Ce sont nos parents qui ont pris leur retraite avant la réforme Balladur qui ont, de façon justifiée, connu cet "âge d'or des retraites", puisque financées par le travail des nombreux baby boomer
[11] Texte de la loi Fillon, sur www.legifrance.gouv.fr
[12] Dont cette jeune femme surqualifiée au regard de ses actuels boulots de galère, mais qui n'avait peut être pas fait les meilleurs choix au cours de son parcours universitaire
[13] L'Express, N° du 4 mai 2016
[14] Emissions France Inter "On n'arrête pas l'éco" des 18 octobre 2104 et 14 mai 2016.
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SNIPPETS

"Y a pas que d’la pomme…
…mais y en a aussi". Ainsi parlaient les Tontons Flingueurs en décrivant le "brutal" dont ils se servaient force rasades. L'islamisme radical c'est pareil: y a pas que de l'Islam dedans, mais y en a aussi. Car l'on finit par comprendre – enfin – que les islamo-fascistes ont tous été endoctrinés par le Wahhabisme, la forme moderne du Salafisme lequel confisque, depuis deux siècles la pensée musulmane orthodoxe au profit d'un obscurantisme religieux mortifère. Et ce Wahhabisme, prosélyte par essence, n'aurait pu faire recette s'il n'avait été abreuvé à force rasades de pétro-dollars par l'Arabie dont la tribu dominante actuelle des Al-Saoud en a fait de longue date sa religion officielle.

Mark David Chapmam
Qui se souvient de cet individu qui fit pourtant la Une des journaux en assassinant John Lennon?
A bien relire sa biographie, (celle de l'individu pas celle de John) et en marge de son violent besoin de devenir "quelqu'un" coûte que coûte, il faut relever que son envie d'en finir avec le chef de file des Beatles ne s'est faite impérieuse en lui qu'après avoir embrassé la foi des Evangélistes US. Born again selon la terminologie de ces sinistres sectes déviantes du Christianisme, il ne pouvait supporter que les Beatles se soient estimés, au faîte de leur gloire, "plus populaires que Jésus", ce qui équivaut dans l'idéologie des évangélistes à un blasphème appelant les plus rigoureux châtiments. Et il n'y a pas si loin de cette attitude aux fatwas des islamistes radicaux envers ceux qu'ils considèrent comme "mécréants".

Vous avez dit Black Machin ?
Parmi les ingrédients de la brusque hystérie qui a saisi l’hexagone à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun, je relève les propos d’une certaine Jack-erie selon laquelle les éructations d’un râpeur de planches proférées il y a quelques temps de cela ne relèveraient que de simples blagues de potaches, blagues qui ne justifieraient pas son retrait d’une "fête" qui se voulait populaire. Soit. Mais un potache n'a pas sa place dans la commémoration d'un massacre et, une fois de plus, les journaleux se sont laissés aller à monter en mayonnaise la pub pour un bateleur qui ne méritait rien d'autre que de rester inconnu.

CGT
Deux événements récents ont contribué à révéler le caractère profond de cette Centrale syndicale: une affiche qui assimile notre police nationale à une cohorte sanguinaire d'une part, une interdiction de paraître faite à la presse quotidienne, à l'exception de son propre organe de propagande d'autre part. Pressés de questions dans ces deux occasions, les responsables au niveau national de la Centrale se sont défaussés sur deux Fédérations cégétistes qui auraient agit de leur propre chef sans en référer au niveau Confédéral. On a peine à croire que des éléments d'un syndicat, réputé pour la discipline de ses militants, aient pris semblables initiatives sans, au minimum, un assentiment tacite de ses dirigeants. On voit par là que ces mêmes dirigeants sont pétris d'une qualité qu'on ne soupçonnait pas encore: la lâcheté.

Boat people
Nos jobards de la politique se posent à intervalle régulier la question de savoir pourquoi la solution trouvée en son temps au problème des boat people fuyant le Vietnam communiste à la fin des années 70, ne pourrait être appliquée à celui des migrants fuyant la terreur ou la misère prévalant en Syrie et autres pays du même tonneau.
Ces jobards ont donc oublié qu'à l'époque, la communauté internationale disposée à recevoir ces boat people avait pu négocier avec un pays, certes affaibli par 30 ans de guerre, mais à présent en paix, politiquement fort de ses alliances avec le bloc communiste et administrativement structuré sous la férule d'un parti unique. Cette négociation, menée sous l'égide des Nations Unies, avait abouti à un Orderly Departure Programme dans lequel le Vietnam avait accepté de prendre sa part du coût de l'exode d'une population qui n'aurait été sinon qu'un fardeau sur le chemin de sa reconstruction.
Avec quels de ces pays faillis, en proie aux guerres civiles issues de gouvernances contestées, semblable programme pourrait il être négocié aujourd'hui?

Aéronautique & GPS
La récente disparition "des écrans radar" d'un avion de la compagnie Egypt Air a relancé la pousse d'un marronnier cher aux médias pour chaque événement semblable: pourquoi une technologie – le GPS – qui permet de connaître la position à 1 mètre près de nos banales voitures ne semble pas être utilisée en aéronautique?
On voit par là que ces mêmes médias n'ont pas fait l'effort logique de distinguer la question: "où suis-je?" de cette autre: "où est-il?" En d'autres termes ce n'est pas parce que je connais ma position que quelqu'un d'autre que moi la connaît: il me faut d'abord la possibilité de communiquer cette position à cet autre en question, et c'est bien la possibilité pour un avion de communiquer sa position qui se trouve au cœur du problème à résoudre pour éviter de futures disparitions aéronautiques.


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Guignol's Band

Les guignols de l'info sont morts…vive le Guignol's Band!




Le torchon brûle entre Marine-la-peine et Marion-la-maréchale, les initiatives de cette dernière agaçant tantine, que ce soit ses projets de déplacements en Russie, Syrie, voire Israël, ou sa présence au rassemblement de l'extrême droite à Béziers…Ma nièce préférée a donc été rappelée à la ligne du parti qui veut que les attributions des circonscriptions aux législatives seront décidées par sa tante. Ah, mais!


A force de caresser l'extrême gauche dans le sens du poil avec ses mélenchonnades, notre Coluche-triste ne s'attendait pas à ce que ce poil se redresse au point de lui piquer la paume. C'est pourtant ce qui s'est produit le 17 mars dernier lorsque, voulant se mêler au cortège étudiant emmené par la très gauchiste UNEF, il s'est fait sortir au cri de "social-traître!"


Ce même 17 mars, Najat-bécassine s'est fait remettre brutalement à sa place par Manuel-tango alors qu'elle proposait de faire un geste en direction de cette même UNEF pour assurer une décélération du mouvement étudiant avant les appels à la grève de la CGT. Elle aurait mieux fait de se taire et d'attendre les cadeaux que Normal-1er n'a pas manqué de faire à ceux qui, depuis, sont les grands absents des manifs…


Au dernier Congrès des Verts la motion de Duflot-de-paroles  n'a réuni que 1700 voix – sur les 5000 derniers adhérents – mais lui a néanmoins permis de faire élire son fidèle lieutenant à la Direction du Parti. Elle conserve donc la maîtrise d'un appareil permettant de menacer Normal-1er d'une candidature en 2017, si ce dernier ne lui laisse pas quelques circonscriptions de complaisance – dont la sienne à Paris!


Dans sa stratégie tous azimuts pour éliminer ses rivaux à la primaire LR, Sarko-bling-bling leur a trouvé un défaut commun: être tous – ou à peu près tous – sortis de l'ENA, en affirmant que "le renouveau via l'ENA, ce n'est pas sérieux". Diable! Aurait il l'intention, s'il est élu, de gouverner sans les représentants de la toute puissante ENArchie? "Vaste programme" aurait certainement dit Mon Général devant un tel défi!


Semaine après semaine, on peut surprendre Ségo-la-démago en flagrant délit de grosse tête. La "dernière", c'est le film qu'elle a commis –aux frais du Ministère – pour démontrer que c'est elle qui a tout fait à la COP 21, et où on la voit serrant les paluches d'Obama, de Ban Kimoon, voire de Di Caprio, grand écolo devant l'éternel! Et comme elle pourrait le dire dans son anglais inimitable: "Everybody can watch zeû movie!"

Propos librement inspirés de " la marre aux canards" d'un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi